J’espère que la sortie sera joyeuse… et j’espère bien ne jamais revenir.
(Derniers mots du journal de Frida Kahlo,
artiste peintre d’origine mexicaine qui l’a eue très dure)
Bien sûr, des fois, j’ai pensé mettre fin à mes jours,
mais je ne savais jamais par lequel commencer.
(Jacques Prévert)
La mort
Dans la vie comme dans la mort, nos attitudes colorent notre vision du monde. On peut voir la maladie comme une issue sans espoir ou comme une étape de remise en question. On peut voir la mort comme une fin injuste ou comme un joyeux passage vers une autre rive. On peut voir les deuils comme des situations insurmontables ou comme des occasions de rassembler son courage pour passer à autre chose. On peut se révolter contre la mort d’un être cher ou célébrer la vie qui continue autrement pour lui. C’est une question de perception.
La mort n’est qu’un malaise physique passager; le dernier d’ailleurs.
(Auteur inconnu)
La naissance est une mort à la vie de l’au-delà, et la mort une renaissance à la vie de l’au-delà. Nos incarnations successives sont comme les pages d’un grand livre, qu’on tourne les unes après les autres. Ce que nous appelons vie et mort ne sont ni le début ni la fin de quoi que ce soit, mais simplement des éléments d’un mouvement éternel.
Vivre, laisser vivre… et laisser mourir
Un vaste choix de morts dites naturelles ou provoquées s’offre à l’âme qui veut quitter le monde matériel : tares génétiques, maladies et infections, malnutrition, accidents, homicides, suicides, etc.
Nous avons tous un agenda et une date d’expiration, et c’est l’âme qui choisit le moment et la façon d’abandonner son véhicule physique. Nous avons gobé l’idée que c’était «Dieu» qui décidait de nous éliminer. «Dieu» ne nous oblige pas à nous incarner ici-bas pas plus qu’à quitter la matière d’une façon spécifique.
Les religions judéo-chrétiennes et plusieurs écoles de pensée ésotériques refusent de compter le suicide parmi les morts légitimes. Par ailleurs, pour toutes sortes de raisons discutables, certaines religions encouragent le suicide.
Ceux qui sont contre l’avortement, sont ceux-là mêmes qui sont pour la peine de mort. Mon Dieu, mon Dieu, délivrez-nous de toutes les religions!
(Guy Bedos)
Sérieusement, pourquoi y aurait-il une punition rattachée au suicide? C’est un choix de mort aussi valable que n’importe quel autre. Entre mourir d’un cancer étalé sur cinq ans ou s’endormir à l’oxyde de carbone en quelques minutes, laquelle de ces deux formes de suicide est la plus appropriée? Toutes les morts dites naturelles sont des suicides déguisés. La mort lente est habituellement choisie en vertu d’une profonde culpabilité.
La mort dépend d’éléments extérieurs tels que les virus, bactéries, accidents et autres, certes, mais c’est l’âme, encore une fois, qui choisira l’agent de désintégration. L’ego perd les pédales devant la mort parce que son but est de vivre éternellement dans la matière.
Lors d’un accident, pourquoi l’un des passagers est-il tué et l’autre épargné, l’un défiguré et l’autre intact? Dans des milieux à haut risque, certains individus n’attrapent aucune maladie. Être membre en règle de la secte des non-fumeurs n’offre aucune garantie contre le cancer du poumon ou l’infarctus. Ces prétendues fatalités n’en sont pas. Un individu dont l’âme n’a pas choisi de mourir d’un cancer, ne mourra pas de cette maladie. À quoi bon paniquer?
Tout ce qui doit arriver arrivera, quels que soient vos efforts pour l’éviter; tout ce qui ne doit pas arriver n’arrivera pas, quels que soient vos efforts pour l’obtenir.
(Râmana Mahârshi(1))
Fatalisme? Pas vraiment. Le film de notre vie est une production de l’ego tourné d’avance dont nous visionnons les chutes de post-synchro en slow motion, dans la réalité physique. Par contre, si l’on confie le montage au Soi authentique, le film peut s’améliorer favorablement. (La pensée précède toujours la manifestation et la pensée est elle-même précédée de certaines formes d’activité inconsciente; de sorte qu’une création mentale devance chacune de nos pensées et chacun de nos actes, et globalement, chacune de nos existences.)
Parenthèse sur la prévention à tous crins contre la maladie et la mort.
Il faut vraiment être inconscient pour vouloir imposer des lois anti-ci et anti-ça en espérant protéger les gens contre le cancer, le diabète, le stress et la mort tout court. J’entendais récemment des représentants du corps médical déclarer que si les gens dérogent aux codes de prévention et de maintien de la santé, ils se verront bientôt refuser les traitements adéquats ou devront en payer les coûts (Dans notre système de santé, les coûts des soins sont globalement partagés par la collectivité.)
La cigarette s’est retrouvée au banc des accusés, et maintenant c’est l’obésité; quel sera le prochain objet d’ostracisme et de racisme? La dépression? Avant de condamner les patients, il faudrait peut-être fouiller les causes psychologiques (générées par le brainwashing socioculturel) et spirituelles (karmiques) de leurs dépendances, et surtout notre mode ce vie tout court (voyez le chapitre La robotique humaine : Le corps émotionnel).
De toute façon, pour qu’il y ait des médecins, il faut des malades... Alors, de quoi se plaignent-ils, la profession deviendra encore plus payante. On se plaint également des charlatans de la médecine alternative. Or, j’ai vu un reportage de deux heures relatant les erreurs des gourous de la médecine traditionnelle. On avait, entre autres, enlevé l’utérus d’une jeune femme de 23 ans en parfaite santé à cause d’une erreur de dossier; et castré un homme sans son consentement – prétendument en prévention - tandis qu’il était sous anesthésie. Je pense qu’il y a des incompétents et des charlatans dans les deux voies.
On prévoit que la dépression sera le principal problème du troisième millénaire, et l’on est surpris du taux élevé de suicides et de dépendance à l’alcool, aux drogues et au sexe (ce sont pourtant d’efficaces anesthésiants qui nous évitent de faire face à la réalité, au même titre que les pilules).
Sortons nos bouquins d’histoire : ce phénomène est le propre de toutes les civilisations décadentes. On dit que le taux de suicide est particulièrement élevé chez les jeunes – on a juste à regarder ce qu’on leur offre comme perspective d’avenir pour comprendre. Bien sûr qu’on veut garder les gens en vie, que deviendrait le système sans esclaves?
Fin de la parenthèse.
L’alcool est un produit indispensable… Il rend la vie supportable à des millions de gens qui ne pourraient pas endurer leur existence s’ils étaient relativement sobres.
(George Bernard Shaw)
Quoiqu’il en soit, la mort par suicide me semble plus lucide que la mort dite naturelle qui, par définition, est inconsciente. Dans le film Au delà de nos rêves (ce film illustre la vie astrale d’après mort), un sage dit au sujet d’une suicidée qui se crée un enfer astral par remord : «Tout est illusion. Ce sont ses illusions à elle. Les suicidés se sentent obligés de se punir.»
Eh oui, rien d’étonnant avec tous les stéréotypes religieux, ésotériques, moraux et éthiques qu’on nous sert sur le suicide. Une manchette du 9 septembre 2004 révélait que 50% des morts violentes, à travers le monde, étaient des suicides. Un psychothérapeute me disait que si l’on vendait des «pilules de suicide» en pharmacie, il y aurait des files d’attente comme dans le film Soleil vert(2). Si nous avions facilement accès aux bonnes pilules ou à l’injection mortelle, nous pourrions au moins mourir en douceur au lieu de nous jeter en bas d’un pont, de nous tirer une balle dans la tête ou de crever à petit feu d’une maladie dégénérative. Quant aux personnes irréversiblement hypothéquées qui veulent vivre quand même, c’est leur choix; on ne peut pas juger de leur motivation.
Qu’on me comprenne bien, il n’est pas question ici de tuer les gens contre leur gré, ni d’organiser des suicides collectifs ou autre. J’apporte cette nuance pour dissiper toute ambiguïté car on pourrait croire que je promeus le suicide, et ce n’est pas le cas. Le but de ce chapitre est de démystifier le phénomène de la mort en général. J’en ai contre l’hyperémotivité qu’éveille la mort, et contre l’obligation de vivre à tout prix en vertu de croyances religieuses et sociopolitiques complètement dépassées.
De nombreuses études ont démontré que l’on craint bien plus la souffrance que la mort. La religion catholique met la souffrance sur un piédestal parce qu’elle est censée compenser nos péchés. Selon le point de vue réincarnationniste, elle sert à payer nos dettes karmiques et à évoluer. Plus ça change, plus c’est pareil; nous sommes passés du statut de pécheurs à celui d’endettés karmiques. La culpabilité fait les belles heures de la planète! Certains individus se choisissent des karmas très durs et décrochent plein de trophées dans la catégorie «vie la plus misérable»; d’autres n’hésitent pas à participer aux Jeux Karma Paralympique. Nous donnons dans le karma de rétribution tant et aussi longtemps que c’est l’ego qui gouverne notre vie. L’être qui a transcendé l’ego et remis les commandes au Soi est paradoxalement libre de rester ou de quitter quand bon lui semble.
Se tuer, dans un sens, c’est comme au mélodrame, c’est avouer. C’est avouer qu’on est dépassé par la vie ou qu’on ne la comprend pas.
(Albert Camus)
Comment comprendre ce qui n’a aucun sens?!
Un article paru en février 2003 dans Oprah Magazine rapportait que le gouvernement de l’Oregon avait légalisé le suicide assisté(3) pour les malades incurables en perte d’autonomie. Cette loi a été votée après deux référendums ayant reçus une approbation qui dépassait largement le minimum requis. La faction chrétienne a quand même essayé de la faire abolir et récidive régulièrement.
De nos jours, il est fréquent de préserver artificiellement la vie, à la suite d’une maladie incurable ou d’un accident grave, souvent contre la volonté du malade et au prix d’énormes souffrances à la fois physiques et psychiques. Simplement parce qu’on ne veut pas éliminer un corps désormais incapable de servir – un corps que la nature éliminerait tout naturellement. Toujours dans le film Au delà de nos rêves, un personnage vivant de l’autre côté du voile (au plan astral) dit à un nouvel arrivant «Quand ta maison tombe en ruine, tu la quittes, c’est tout.»
Si les gens n’avaient pas peur de l’au-delà à cause d’enseignements religieux erronés, ils pourraient choisir de mourir quand ils veulent.
«Vivre est un droit, non pas une obligation.» (Ramon Sampedro, personnage principal du film La mer intérieure, dont le scénario est basé sur un fait vécu en rapport avec le suicide assisté)
Note : Ramon a passé 26 ans écroué dans son lit, à la merci de son entourage pour le moindre besoin physique. On le voit d’ailleurs voyager dans son corps astral régulièrement pour échapper à sa prison corporelle. Il implore le meurtre par compassion que personne ne veut lui accorder par crainte des représailles du système judiciaire. L’égoïsme de son entourage est aussi en cause. Un excellent film à voir sur la question (magnifique cinématographie). Certaines personnes acceptent des rôles parfois très ingrats pour nous enseigner (voyez la note 2 du chapitre La robotique humaine).
Le suicide assisté, appelé aussi meurtre par compassion, occasionne de virulents débats. On garde les gens en vie, non pas par amour, mais par attachement, peur, égoïsme et appât du gain. Voici le commentaire éclairé d’une dame (dont je tairai l’identité) qui résume on ne peut mieux le problème de l’acharnement thérapeutique :
Le suicide assisté, appelé aussi meurtre par compassion, occasionne de virulents débats. On garde les gens en vie, non pas par amour, mais par attachement, peur, égoïsme et appât du gain. Voici le commentaire éclairé d’une dame (dont je tairai l’identité) qui résume on ne peut mieux le problème de l’acharnement thérapeutique :
«J’espère que vous avez eu l’occasion d’assister une personne agonisante jusqu’à la fin de sa vie. Que vous avez pu la voir souffrir et implorer la mort. Que vous lui avez tenu la main pendant qu’elle se vomissait tripes et boyaux (souvent même ses propres selles), que vous avez assisté à ses hurlements quand le personnel hospitalier la mobilisait dans son lit ou essayait de lui installer une énième perfusion.
J’espère que vous avez vu les plaies de ses fesses causées pas son incontinence, que vous avez bien regardé à travers ses yeux désespérés afin d’y lire l’humiliation, le chagrin, la perte de sa dignité.
J’espère que vous étiez là quand ses poumons se déchiraient pour essayer d’avoir un peu d’air. Que vous l’avez vue lutter pour préserver encore une journée de plus le mince fil qui la retient en vie pour que vous ayez l’occasion de lui dire demain une dernière fois que vous l’aimez; pour que vous ayez l’esprit libre lors de ses funérailles et que vos droits à vous aient été respectés.
Alors s’il vous plaît, rendez-moi un grand service, détestez-moi.»
D’abord, pour percevoir le corps autrement, il est crucial de savoir qu’il s’agit d’un agencement d’atomes/d’énergie maintenus en place par la volonté de l’âme individuelle (les formes matérielles, animées ou inanimées, sont préservées par la volonté de l’âme collective).
Selon le Tibétain, il arrive qu’une âme souhaite quitter le corps mais qu’elle bute sur une forte résistance de la part de l’ego et du corps vital qui luttent furieusement pour continuer de vivre (réf. – Death : The Great Adventure, from the Writings of Alice A. Bailey and the Tibetan Master Djwhal Khul). En désespoir de cause, l’âme peut retourner au niveau de conscience astral ou causal en abandonnant le corps à une sorte d’autosuffisance bioénergétique. Un corps physique privé d’âme peut fonctionner en se nourrissant des énergies de la planète. S’il s’agit d’un bébé les énergies de la mère suffisent. Le corps peut aussi être récupéré par des squatteurs (âmes en quête d’expériences physiques par procuration) – par analogie, l’automobile abandonnée par son conducteur peut servir à quelqu’un d’autre. Un individu peut également céder de son plein gré son corps à une autre âme (après accord mutuel, bien sûr) – on appelle le nouveau locataire un walk-in.
Dans la littérature bouddhique et ésotérique, on raconte que certains êtres particulièrement doués ont quitté volontairement et consciemment leur corps physique. N’est-ce pas là un suicide? Au fond, c’est juste une question de vocabulaire – une appellation contrôlée. On rapporte des cas de combustion spontanée où le corps physique se consume; une fois le processus terminé, il ne reste plus que des vêtements calcinés. On signale aussi des phénomènes de dématérialisation : les atomes du corps physique s’agencent de manière à dissoudre complètement la forme biologique. Bien sûr, l’on peut supposer que ce genre de départ, s’il ne se produit pas spontanément, requiert une excellente maîtrise de l’énergie atomique et subatomique(4). Lorsqu’une forme se met à vibrer à une fréquence supérieure au plan de conscience terrestre, elle devient invisible à ceux qui vibrent à une fréquence inférieure.
Le Tibétain prévoyait aussi que durant le troisième millénaire les individus les plus évolués développeraient une «continuité de conscience» qui leur éviterait de se créer une maladie ou une mort violente pour quitter le monde matériel. Leur longévité pourrait conséquemment être abrégée ou rallongée à volonté. Il affirmait par ailleurs que la mort devrait d’abord être reconnue comme un agent de libération par rapport aux limites de la vie matérielle, et perçue comme un réel bénéfice, avant que les tabous ne disparaissent. Les humains en viendront peut-être à percevoir la mort comme le moment le plus extraordinaire de l’existence terrestre, et à considérer la naissance plus affligeante que la mort, disait-il.
Le suicide, c’est l’ultime expression de la liberté. De savoir que l’on peut choisir sa mort, ça aide à vivre.
(Guy Bedos)
Si nous avons le privilège de naître, nous avons également celui de mourir – quand bon nous semble. Des facteurs psychologiques et physiologiques, la peur de la mort, l’amnésie spirituelle, les croyances religieuses et ésotériques, la culpabilité et l’importance démesurée qu’on attribue au corps physique prolongent inutilement la vie de plusieurs.
Jacques Languirand (animateur de l’émission Par 4 chemins, Première Chaîne de Radio Canada) disait à propos de la survie après la mort : «Si quelqu’un croit qu’il y a quelque chose après la mort et que c’est vrai, eh bien tant mieux pour lui. Et s’il n’y a rien, ce n’est pas grave, il ne le saura pas, il n’existera plus!» Tellement sensé!
L’auteur Elisabeth Kübler-Ross, médecin et chercheuse spécialisée en accompagnement des mourants, nous invitait à célébrer la mort ainsi :
«Réjouissez-vous à l’avance de votre transition [mort, passage]. C’est la première fois que vous expérimenterez l’amour inconditionnel. Tout ne sera que paix et amour; tous les cauchemars et les bouleversements vécus n’auront plus d’importance. Lors de votre transition, en principe, l’on vous demande deux choses : d’abord, combien d’amour avez-vous donné et reçu, et puis, dans quelle mesure avez-vous rendu service.
Et vous connaîtrez les moindres conséquences de tous vos gestes, de toutes vos paroles et de toutes vos pensées. Et cela, symboliquement, c’est l’enfer car vous voyez toutes les occasions que vous avez ratées. Mais, vous verrez aussi comment un seul geste de bonté a pu toucher des centaines de vies, entièrement à votre insu.
Ainsi, concentrez-vous sur l’amour pendant que vous êtes ici et enseignez l’amour inconditionnel très tôt à vos enfants. N’oubliez pas, concentrez-vous sur l’amour et attendez avec impatience le moment de votre transition; c’est l’expérience la plus merveilleuse que vous puissiez imaginer.»
Donc, si vous en êtes capable, préparez votre entourage à accueillir le côté émancipateur, restaurateur et positif de la mort; et je le répète, la vie physique ne représente pas le faîte des expériences de l’âme. En Occident, on insiste trop sur la prolongation de la vie physique. Il est plus important de bien vivre que de vivre longtemps. Un individu peut mourir à l’âge de cinq ou dix ans et avoir accompli sa mission, réalisé son but d’incarnation.
Tous ces malades incurables et vieillards médicamentés à outrance, impotents, à moitié ou totalement inconscients, gardés vivants pour les sous qu’ils rapportent au système médical, font peine à voir; c’est à croire qu’ils ont gagné un billet de loto «Mort à vie». Que fait-on de leur dignité? Je crois que c’est une question de compassion pure et simple – on achève bien les chevaux, non? Aucun «Dieu» digne de ce nom n’imposerait des horreurs telles qu’on s’en inflige entre humains. Notre culpabilité et nos croyances sont responsables de toutes ces souffrances.
«Les anciens maîtres dormaient sans rêver et s’éveillaient sans inquiétude. Leur nourriture était simple. Leur respiration était profonde. Ils ne s’accrochaient pas à la vie et n’étaient pas anxieux face à la mort. Ils arrivaient sans désir et partaient sans résistance. Ils arrivaient facilement et partaient facilement. Ils n’oubliaient pas d’où ils venaient et ne se demandaient pas où ils s’en allaient. Ils prenaient tout ce qui se présentait, joyeusement, et ils allaient sans peur vers la mort. Ils acceptaient la vie comme un don et la redonnaient avec gratitude.» (Chuang-Tseu)
Nos vies successives s’inscrivent dans un vaste projet planifié dans ses grandes lignes, mais elles ne sont pas le fruit du hasard ni d’une énergie divine implacable. L’on peut comparer la réincarnation à une collection d’œuvres à peaufiner; le peintre insatisfait a le droit de blanchir n’importe laquelle de ses toiles pour en réaliser une autre par-dessus.
Fin du cycle des renaissances
Quand tu es né, tout le monde se réjouissait mais toi tu pleurais. Quand tu mourras, tout le monde pleurera mais toi tu te réjouiras.
(Parole de sage)
Nous mourons pour retourner aux mondes spirituels. «Mourir, c’est redevenir normal, un être de lumière», disait une fillette de cinq ans interviewée par un scientifique. «Elle a raison, disait ce dernier en riant, ce n’est pas normal de vivre dans un corps physique. C’est pour ça que nous avons tant de difficulté à le maintenir en vie. Nous nous accrochons au corps comme un naufragé qui s’accrocherait à une lame de rasoir au lieu d’un radeau. Il n’est pas normal pour un être de lumière de vivre dans la matière.» Voilà ce que j’ai entendu de plus brillant en réponse à la quête de sens.
La mort est un incontournable de la vie biologique et ce n’est rien d’autre qu’un changement de forme; un passage d’un état de conscience à un autre; un intermède entre deux vies; un changement d’adresse temporaire ou permanent. Si toutes les formes de vie physique ne mouraient jamais, comment pourrait-on caser tout ce beau monde? Les egos s’immortalisent en empruntant de nouvelles identités biologiques, les unes après les autres. Vient un moment où nous donnons notre place, car les p’tits bonheurs d’occasion ne nous intéressent plus du tout. En définitive, je crois que cesser de s’incarner ici-bas, c’est mettre fin au pattern de l’autopunition. Qui plus est, nous n’avons pas besoin de rentes de pension de l’autre côté du voile. Est-il défendu d’opter pour un plan de retraite anticipée avec prime de départ?
En conclusion, parmi les options du guichet automatique, à la question «autre opération?», on peut cliquer sur terminé; ce qui signifie réincarnation non négociable. Et, une fois en transit dans l’astral, tenez bon, ne vous laissez pas séduire par la culpabilité. Si vous êtes du genre à vous exclamer «pince-moi, je rêve!», relisez les premiers chapitres.
À l’éternelle triple question : «Qui suis-je? D’où viens-je? Où vais-je?», je réponds : «Je suis chez moi, je viens de chez moi, et j’y retourne».
(Pierre Dac)
Pour l’être éveillé, naître et mourir c’est comme entrer et sortir au Wal-Mart du quartier.
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(1) Ramana Mahârshi (à noter qu’il ne s’agit pas du gourou des Beatles Maharishi) : grand sage hindou (1879-1950). À tous ceux qui l’approchaient – et en qui il ne voyait que le «Soi» – il conseillait la recherche inlassable de leur propre vérité, en ramenant tous les problèmes à la question fondamentale «Qui suis-je?». Voici l’un de ses commentaires concernant la félicité illimitée et la liberté finale :
«Voilà en quoi consiste la réalisation du Soi : en cet instant le nœud du cœur est tranché totalement. Les fausses idées dues à l’ignorance et les sempiternelles et néfastes tendances qui constituent le nœud, sont volatilisées. Tous les doutes sont dissipés et la servitude du karma prend fin. L’état de transe transcendantale n’est autre que la félicité illimitée de la libération, sans l’ombre d’aucun doute et par-delà la dualité.
La réalisation de cet état de liberté hors dualité, constitue le summum bonum de la vie. Seul celui qui l’a conquis effectivement a droit au titre de libéré vivant (et non pas celui qui n’a qu’une connaissance intellectuelle et théorique du purushârtha), finalité suprême de toute vie humaine. Le libéré vivant est débarrassé des liens du triple karma, il peut parler de son expérience personnelle. Le libéré vivant peut agir à sa guise. Quand il quitte sa dépouille physique, il vit la vie absolue et ne revient plus ici-bas, là où la naissance n’est qu’une mort.»
(2) Soleil vert (Soylent Green) est un film de science-fiction de Richard Fleischer (1973), dépeignant un avenir sombre dans une société ayant épuisé toutes ses ressources naturelles et détruit la nature. En 2022, la pastille Soleil vert, fabriquée par Soylent incorporated, sert à nourrir la population miséreuse. Personne ne sait qu’elle est fabriquée à partir de cadavres humains. Edward G Robinson y incarne une génération qui a connu un autre monde, et exprime un regret discret de l'ancien ordre des choses. Ce regret prendra une tournure particulièrement poignante au moment de la mort qu'il se choisit. Plusieurs enjeux de société y sont abordés, tels que l'urbanisation, l'exploitation des ressources ou encore l'euthanasie. Le film s'inspire de la nouvelle de Harry Harrison, 'Make Room!' parue en 1963. Source: Wikipedia
(3) Le médecin cité dans le magazine donnait les recettes les plus efficaces. Les Grecs avalaient de la ciguë ou du cyanure. Quelqu’un qui ne veut pas vraiment mourir rate habituellement son suicide.
(3) Le médecin cité dans le magazine donnait les recettes les plus efficaces. Les Grecs avalaient de la ciguë ou du cyanure. Quelqu’un qui ne veut pas vraiment mourir rate habituellement son suicide.
(4) Commentaire de Râmana Mahârshi à ce propos : Ce sont là des phénomènes d’ordre physique. Est-ce vraiment là le but essentiel de nos recherches? N’êtes-vous pas le Soi? Pourquoi donc vous soucier du reste? Prenez l’essentiel et rejetez toutes les autres théories savantes comme inutiles. Ceux qui pensent que la disparition du corps physique est importante pour la libération se trompent. Rien de tel n’est requis. Vous n’êtes pas le corps. Alors qu’est-ce que cela peut faire qu’il disparaisse d’une façon ou d’une autre? Il n’y a pas grand mérite à de telles expériences. C’est la perte du sens de l’ego qui est le facteur essentiel et non la perte du corps physique. C’est l’identification au corps qui constitue le véritable esclavage. (Voyez le chapitre L’identification au robot)
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