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20 décembre 2014

D’une incarnation à la suivante...

Les changements du visage de 0 à 80 ans.
Et puis, retour au bébé...  pour un autre tour de piste.   

Superbement dessiné/réalisé en speed painting numérique.

BONNE ANNÉE! - que du "karma positif"!   :-)


14 novembre 2014

Des mondes parallèles en interaction


Une nouvelle théorie quantique suggère l’existence d’univers parallèles qui interféreraient avec le nôtre

Nous avons probablement tort de nous croire uniques. Notre monde, dans tous ses aspects, ne serait pas le seul à exister. Je ne parle pas des autres planètes encore inexplorées de l'univers. Quand nous parlons d’autres mondes, nous référons plutôt à des univers parallèles semblables au nôtre mais avec des caractéristiques et des résultats différents. Vous connaissez l'idée, c'est le principal thème de la mécanique quantique.

(...)

L’hypothèse de l’interaction

Ces mondes peuvent-ils entrer en collision avec notre propre monde ou avec d'autres? Si l’hypothèse était vraie, cela changerait tout et suspendrait nos recherches. Cette théorie est très attirante et semble tout aussi réelle et plausible que bien d’autres.

Disons qu’une multitude de mondes parallèles au nôtre ne sont pas flous et qu’ils ne limitent plus leur sphère d’activités. Cela signifierait que le monde possède une structure moléculaire précise. Non seulement nous pourrions peser le monde, mais nous pourrions encore mieux comprendre la mécanique quantique. Il deviendrait soudain évident que nos mondes interagissent. Les expériences quantiques témoignent de cet étrange phénomène. D’autant plus que ces mondes proches ont une configuration complètement différente de la nôtre. À lui seul ce fait amènerait ces mondes à diverger et à entrer en collision.

L'un des aspects les plus intéressants de cette théorie serait de découvrir à quel monde nous appartenons. Elle introduirait un moyen de mesurer et de tester physiquement d'autres théories.

Donc, vous avez l’impression de faire partie d'un monde familier, un monde dont l’histoire est consignée. Cela peut uniquement nous aider à déterminer où se déroule notre existence présentement. En vérité, selon la nouvelle théorie des mondes interactifs, vous ne savez même pas où vous êtes, mais vous pouvez éliminer certaines possibilités. Vous pouvez éliminer certains mondes, en fait, une multitude d'entre eux. Le fait est que chaque monde est équivalent à celui d’à côté, et tout aussi réel que celui qu’on nous a appris à comprendre.

Avec la théorie des mondes interactifs, nous éliminons la fonction d’onde et la corrélation Bell, mais il reste encore certaines fonctions classiques de la mécanique quantique. Des fonctionnalités comme le point énergie-zéro, la barrière du tunnel et l’imprévisibilité demeurent.

Théorie – ou pas de mondes parallèles 

Cette théorie n’est pas vraiment une théorie, c'est plutôt une approche globale de l'idée. Cette approche, pourrait faciliter le processus de recherche pour localiser d’autres mondes. Étant donné qu'il en existe un certain nombre de mondes parallèles connus cela augmente considérablement le succès de toute tentative expérimentale. ...

Contrairement à mécanique newtonienne, la mécanique quantique est profonde et s'écarte radicalement des autres théories. Il est possible que des mondes newtoniens, et des mondes parallèles, interagissent les uns avec les autres, mais cela n'explique pas tout. Il semble que la science-fiction ait ouvert une porte, mais l'existence tout entière recèle des mystères qui ne seront peut-être jamais élucidés.

http://www.learning-mind.com/

Dans un monde parallèle près de chez vous

On peut constater que depuis la parution de ce livre en 1999 (1) les théories et hypothèses dont il est question dans les passages ci-après sont maintenant d’usage courant. Nous disposons de drones capables de faire exploser des bombes à grande distance en deux secondes, de communication instantanée illimitée, de nanotechnologie, de «calculateurs hyper performants, l’équivalent d’un PC multimédia dans une montre» (ou des lunettes), et ainsi de suite.

Il est maintenant possible de désintégrer complètement un engin sans qu’il en reste aucune trace au moyen d’hyperfréquences, c’est-à-dire sans explosifs traditionnels. Toutes les grandes puissances détiennent des technologies de plus en plus sophistiquées en manipulation géomagnétique, énergétique et électronique.

Si l’on admet l’hypothèse que «tout est énergie» et que nous sommes désormais capables de la maîtriser du moins en partie (soit de faire la pluie et le beau temps), il n’y a pas grand-chose qui peut barrer la route à la destruction sauvage.

À vous de juger.

Chapitre 5; La guerre spatio-temporelle (p. 97-98)

Nous savons que le temps ne s’écoule pas de la même façon et cela en raison des phénomènes gravitationnels ou géomagnétiques terrestres ou planétaires. Pour concrétiser notre exemple, lançons un satellite équipé d’une horloge atomique vers l’espace. Après une période d’un mois, nous constaterons que l’horloge atomique aura pris du retard. Le principe devrait donc être le même sur terre. Le magnétisme terrestre n’étant pas identique en tout point du globe, logiquement, il en est de même pour l’écoulement du temps. Ce qui revient à dire que les objets situés sous un flux de champs électriques ou magnétiques de forte puissance ne vieillissent pas de la même façon. 
       Dans le cas des hyperfréquences, nous constatons un vieillissement prématuré des matériaux utilisés. Nous retrouvons la même chose sous la forme d’un cancer ou d’une leucémie chez un individu exposé de façon exagérée à des rayons X ou des micro-ondes. Si des ondes stationnaires d’une puissance élevée stagnent sur leur support, il devrait être possible avec l’aide d’un dispositif de constater des écarts de temps. Si nous allons jusqu’à provoquer l’ionisation de l’air ambiant immédiat avec un champ électrostatique en y additionnant un champ magnétique afin de perturber la gravité, donc l’écoulement du temps, il doit être possible d’y emprisonner un objet. En modulant ensuite cet ensemble par un deuxième émetteur avec une fréquence variable, il devrait être possible de se projeter vers le passé ou le futur. Nous retrouvons ici le principe des postes de radio superhétérodyne. 
       Une chose est certaine, c’est que pour faire fonctionner un tel ensemble, il faut absolument disposer d’une source d’énergie très puissante, même pour les petits objets. Alors pour le plus gros, il ne fait aucun doute que la présence d’un réacteur nucléaire deviendra une nécessité. ...

Chapitre 6; La guerre quantique (p. 101-110)

De l’électronique conventionnelle binaire sur silicium, on va s’orienter inévitablement vers l’électronique quantique ou plus précisément l’électrobiologie. On peut aller jusqu’à imaginer que l’on va modifier les champs de gravitation dans le but de modifier l’écoulement du temps, ce qui peut être nécessaire pour garder en vie les molécules biologiques. Un calculateur biologique vivant se composant de puces contenant des protéines, des enzymes, des neurones biologiques, est en train de devenir réalité dans les centres et laboratoires ultrasecrets américains, notamment de la Navy à Washington. 
       L’avantage réside dans les capacités phénoménales. Il reste encore cependant à améliorer le temps de réponse. En 1989 j’avais émis l’hypothèse que l’on pourrait donner des ordres à un système par la pensée. Aucune action physique n’est plus nécessaire, ce qui offre un intérêt évident dans le cadre des missions spatiales, l’aviation, mais aussi dans le domaine chirurgical. L’erreur informatique a peut-être été de suivre les Américains comme un seul homme. Si on avait cherché à explorer d’autres voies, si on s’était orienté vers l’étude des mécanismes biologiques partout présents dans la nature, nous aurions probablement des calculateurs hyper performants, l’équivalent d’un PC multimédia dans une montre. Même un calculateur doté de processus parallèles ne peut prétendre supplanter un réseau de neurones biologiques. Aujourd’hui les Américains tentent précisément de recopier les phénomènes de la nature.

Vitesse supraluminique (p.104-110)

Pour le Pr. de Broglie, la lumière est une onde chargée de particules, des photons émis par le soleil. Ils ne se propagent pas en ligne droite mais sous la forme d’une onde sinusoïdale. Cette théorie débouche sur celle des quantas. Un photon est émis et propulsé par une autre énergie (les tachyons?) lui donnant sa vitesse. Les particules suivent une piste énergétique. Si l’on réalise un montage doté d’un quartz décomposant l’onde lumineuse, on peut séparer les photons de son onde porteuse par introduction d’un retard. On crée deux trains d’ondes. S’ils se rejoignent, il y a interférence, produisant ainsi une lumière incohérente. Ce que nous appelons vide cosmique ou atmosphérique est en réalité chargé d’énergie. Elle serait égale à 1027 joules/cm3. Si nous pouvions la pomper, nous aurions des milliards de kW/h, selon les calculs de Louis de Broglie, Bohr, Einstein… 
       La vitesse de la lumière (symbolisée par la lettre «c» par la suite) est de 299.792.458 km/s dans le vide, loi de la relativité d’Einstein qui date de 1905. La distance terre-mars est de 195 millions de kilomètres. Une onde radio conventionnelle mettra donc 21 minutes 5 secondes pour effectuer l’aller et le retour. On imagine facilement les pertes de temps qui en résultent pour télécommander un robot martien comme Roki. 
       En réalité Mac Coll des laboratoires Bell de New Jersey écrivit dès 1932 qu’une particule traverse une barrière dans délai mesurable. Eugène Wagner de l’université de Princeton arriva à la conclusion en 1955 que dans certains cas des particules vont plus vite que la lumière dans un tunnel. T.E. Hatmann avait émis l’hypothèse et prouvé dès 1962 que certains photons pouvaient atteindre une vitesse supraluminique. Ils doivent donc prendre l’énergie quelque part (l’onde porteuse?). D’où l’importance des nouvelles expériences effectuées depuis fin 1991 qui permettent de dépasser cette vitesse. 
       Des expériences effectuées en 1992 par le physicien Günter Nimtz de l’université de Cologne en Allemagne, ont abouti à la multiplication de la vitesse de «c» par 4,7. En 1993 l’équipe de Raymond Chiao, Aenhraïm Steinberg et Paul Kwiat, ont réussi à multiplier la vitesse de «c» par 1,7 fois à l’université de Berkeley en Californie. L’expérience a été refaite par Ferenc Krauss de l’université de Vienne, mais avec un filtre plus épais. Plus la barrière est épaisse, plus les particules vont vite, contrairement à ce que l’on peut penser. Un filtre trop fin provoque l’échec de l’expérience. Question : d’où vient l’énergie qui permet à un photon d’aller plus vite que «c»? 
       Nous faisons appel ici à la mécanique quantique, permettant à des particules d’utiliser l’effet tunnel, pour aller encore plus vite. Les scientifiques, surtout les astrophysiciens, admettent volontiers que si l’on dépasse la vitesse de la lumière, on peut voyager dans le temps. Dans ce cas, cela poserait un problème de causalité. L’effet ne peut en effet précéder la cause. Dans le cas contraire, le risque de modifier l’avenir serait non nul, d’où l’aboutissement vers la théorie des mondes multiples ou parallèles, ce que les plus éminents physiciens du monde d’aujourd’hui pensent possible selon un sondage. C’est ce que l’on pourrait traduire par une seule planète et plusieurs avenirs différents ou que l’on appelle le paradoxe des grands-parents.
- Hypothèse A : si l’individu remonte vers le passé et tue ses grands-parents, il ne peut naître, donc cette équation est impossible. Si on applique la même logique à une particule, elle est aussi perdue.
- Hypothèse B : par contre elle devient possible si on crée un autre point d’intersection à partir de la date où l’on a envoyé l’individu vers le passé, créant à partir de ce point un autre avenir mais sur un autre plan, donc différent de celui dans lequel l’individu se trouvait au départ. Il pourrait y avoir un monde où notre voyageur tue ses grands-parents et empêche son double de naître, et un autre, où ses grands-parents vivent, et lui permettent d’exister. On en revient à la mécanique quantique, et à l’hypothèse du chat de Schrödinger, mort ET vivant à la fois dans la même boîte. 
       Il faut savoir qu’une photo très intéressante a été publiée en 1997. Elle concerne une expérience réalisée par une équipe scientifique américaine, qui montre une seule et même particule qui s’éloigne dans deux directions opposées. Si elle est reproduite avec succès par d’autres équipes, cela confirmerait l’hypothèse qu’une particule peut être en plusieurs points au même moment, ce qui contredit les règles de la physique conventionnelle. On peut aussi déboucher par ce biais sur la théorie des univers parallèles. Cette hypothèse pourrait ressembler à s’y méprendre aux épisodes de la série SLIDERS. Bien souvent on constate avec le temps que la réalité dépasse la fiction. Ce qui est fiction aujourd’hui peut être réalité demain. (...) 
       Dans les principes de la mécanique quantique, un interrupteur peut être ouvert et fermé, et donc la lumière allumée ou éteinte. On se retrouve ici avec deux états opposés et superposés, comme dans la théorie du chat de Schrödinger. On a dans ce cas des champs gravitationnels sur plusieurs niveaux, d’où il découlera des unités de temps. Cette idée sur les divers niveaux de champs gravitationnels a aussi été émise par le chercheur Penrose, de l’université d’Oxford, théoricien en physique moderne, colauréat du prix Wolff 88, avec Stephen Hawking. Reste à réaliser une machine capable de générer une multitude de champs gravitationnels de divers niveaux. 
       Les champs gravitationnels et l’écoulement du temps sont indissociables. Ce qui marche sur des molécules peut marcher sur un engin. Par le biais de ces champs il devient possible d’interférer sur les horloges biologiques. (…) 
       Cela constitue une explication aux observations par des radars d’ovni, auxquels on attribue des possibilités extravagantes, comme apparaître et disparaître de façon translucide. Dans de nombreux cas on a détecté des champs électromagnétiques très intenses et parfois même des décalages temporels. Si on avait un détecteur gravimétrique pour mesurer les perturbations des champs gravitationnels, il ne fait aucun doute que l’on aurait pu constater des modifications ainsi qu’une variation de l’écoulement du temps. Si cette hypothèse est une réalité, dans ce cas la barrière du temps n’existerait plus pour ces engins, car qu’on le veuille ou non, ils sont bien réels, même si leur origine est indéterminée. Pour rejeter le phénomène, la plupart des scientifiques partent du principe que le voyage durerait trop longtemps si on devait passer d’une galaxie à une autre. Mais dans le cadre de la mécanique quantique, si on se contente de changer de dimension, les distances et le temps n’existent plus, et c’est une hypothèse qui peut résoudre un grand nombre de questions. 
       L’idée a aussi été émise par des chercheurs que ces engins pouvaient venir de notre planète, mais d’une autre époque ou d’une autre dimension. Pourquoi pas? Ce que les médiums sont capables de percevoir, pourrait être le fait de personnes capables de changer ou de voir dans une autre dimension pendant une période limitée. Il faut savoir que lors d’expériences en laboratoires, que ce soit dans le domaine de la télékinésie ou de l’espionnage précognitif, on constate des modifications temporelles et donc gravimétriques à proximité des sujets dotés de capacités psychiques. 
       Ces thèmes paraissent farfelus, mais ils sont très étudiés par les militaires. Ce qui semble aberrant pour le civil ne l’est pas forcément pour l’élite militaire américaine. Pour mieux faire comprendre ces phénomènes peu intuitifs, nous allons les illustrer :
* Pour simplifier, il peut y avoir une dimension, la nôtre, où une action est visible parce que se déroulant à la vitesse de notre dimension, qui pourrait être superposée à une autre action, mais que nous ne pourrions pas voir, parce que se situant dans une autre dimension, où l’écoulement du temps est différent.
* Cela pourrait ressembler à un film d’une durée de deux heures, projeté sur un écran de cinéma à une vitesse très accélérée de deux secondes. Résultat, nous ne pourrions par voir les actions de ce film ni le film lui-même. Le processus inverse est possible, car il est réversible.
* Il pourrait aussi y avoir une dimension, où les actions au lieu de se dérouler dans notre unité de temps normale, mettraient un millénaire. Au lieu de faire un pas en une seconde, nous l’effectuerions en un millénaire. Cette action serait donc invisible dans notre dimension. 
      Dans l’ancienne technologie à tubes, pour les récepteurs superhétérodynes, il ne faut pas oublier que c’est le mélange d’une fréquence avec une autre venant d’un oscillateur local qui nous donne la fréquence résultant que l’on souhaite écouter. L’ordinateur quantique à superposition d’états pourrait être basé sur ce principe, en jouant sur l’écoulement du temps par le biais de générateurs de champs gravitationnels. 
       Mais le même principe peut aussi être réalisé avec des lasers de longueurs d’ondes différentes, ce qui serait d’ailleurs beaucoup plus simple. Ces idées de base permettent aussi d’aboutir à la théorie sur la communication instantanée d’état entre paires de photons quelle que soit la distance, possibilité appelée «Lien fantôme» par Einstein qui n’y croyait pas, contrairement à Bohr. Or depuis, l’existence de ce lien a été prouvé, ne serait-ce que par Alain Aspect en 1981 au laboratoire d’optique d’Orsay. (…) Cette expérience renouvelée un grand nombre de fois a permis de constater que les deux photons sont déviés et réagissent de la même façon en même temps. 
       Il est possible d’aller encore plus loin et de réaliser une paire d’ordinateurs quantiques télépathiques, capables de communiquer entre eux en un temps nul quelle que soit leur distance. On peut imaginer l’intérêt d’un tel système dans le cadre des communications spatiales. (…) Ce phénomène se joue des distances et des lois de la physique conventionnelle.

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(1) Les armes de l’ombre, MARC FILTERMAN; Éditions Carnot, coll. Cicéron (1999).
Marc Filterman a acquis son premier radar en 1976. Il a quitté l’armée en 1985 pour se consacrer à des recherches sur l’électronique de défense.

24 octobre 2014

Jacques Languirand (émission CONTACT)


Une mise à jour s’impose, 30 avril 2016 :

Après le procès de Claude Jutra, accusé de pédophilie, c’est au tour de Jacques Languirand de se retrouver au rang des agresseurs sexuels, pour avoir commis l'inceste.

J'avoue que la nouvelle m'a renversée.

En résumé, Mme Line Beaumier accuse la conjointe de Jacques Languirand, Nicole Dumais, d’avoir éliminé de la biographie Le cinquième chemin (Éditions de l'Homme 2014) les confidences de Martine Languirand (maintenant décédée) concernant les rapports incestueux de son père. Or il semble que Languirand avait autorisé la publication de ces informations sensibles. Par ailleurs, il aurait demandé pardon à sa fille. 
     Sur sa page web, Line Beaumier se pose la question suivante, et je cite :
«Jusqu’à quand des personnes d’influences et publiques seront préservées de par leur statut? Après Jutra, Aubut, Cloutier, Jacques Languirand? Qu’elles seront les excuses pour ce dernier : histoire de famille, maladie, la victime est décédée?»

Parmi les citations ci-après, Languirand dit : 
«Et ce que je trouve le plus difficile à vivre, dans le souvenir même, si vous voulez, c’est d’avoir, dans telle circonstance, blessé quelqu’un, d’avoir eu une conduite qui n’était pas irréprochable dans telle situation, etc. Un examen, comme on disait autrefois, un examen de conscience qui s’impose de lui-même et qui est nécessaire, je pense. ... C’est très difficile de penser qu’on va refaire le monde si on ne commence pas par se refaire soi-même.»

On en comprend le sens profond...

Même si l’inceste et la pédophilie me répugnent au plus haut degré, je ne retirerai mes propos élogieux sur le travail de Languirand, ni le paragraphe où il est question de Jutra, dans l'article "En perte de repères" publié dans L'art est dans tout en octobre 2014. 

Reste à savoir s’il est possible de dissocier une oeuvre de son auteur – qu’il s’agisse d’écrivains, de cinéastes, de musiciens ou autres. Si nous savions tout ce qui se passe (ou s’est passé) dans leur vie privée, nous n’oserions plus citer personne, par autocensure.

Méchant dillemme cornélien (choix impossible entre deux valeurs tout aussi importantes).
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En 2006, Stephan Bureau a présenté à Télé-Québec une série d’entretiens à caractère intimiste avec des personnalités exceptionnelles : 

       «La série documentaire CONTACT, l’encyclopédie de la création propose un rendez-vous télévisuel unique avec de grands penseurs et créateurs de notre temps. C’est une encyclopédie vivante, une fenêtre sur la création au sens large, qu’elle soit littéraire, scientifique, sociale ou artistique. (...) 
       CONTACT, c’est aussi un site de référence où vous pouvez consulter une foule de contenus sur nos invités.» (...)
Stephan Bureau, animateur et producteur http://www.contacttv.net/s_index.php

Citations extraites du site.

À propos de la création

«Intéresser, ce n’est pas tout, intéresser, c’est peut-être aussi éclairer, c’est peut-être aussi enseigner, informer. Et je le fais d’autant plus volontiers que ça ne part pas exclusivement de moi, que je ne suis que le support de ça, je suis le canal qui permet de véhiculer cette pensée-là, par exemple. Et c’est là que se fait mon travail, c’est là que je suis le plus à l’aise, c’est de dire : “Ce livre-là peut rendre de très grands services”. Ça existe déjà, ça se fait déjà, mais je voudrais contribuer à ce qu’il puisse servir davantage, je vais donc en parler et tirer de cet ouvrage-là de quoi aider les gens qui vont entendre les propos, même ceux qui n’auront pas lu le livre ou qui ne le liront pas dans le futur.»

«[...] je suis encore ouvert à m’engager dans quelque chose qui serait périlleux et qui nécessiterait peut-être de faire appel à toute mon expérience pour aider, soutenir des gens qui seraient engagés dans quelque chose et qui pourraient profiter de l’expérience dans le temps, aussi. Parce que jusqu’à 76 ans, j’ai réussi à faire des choses quand même, puis à comprendre les choses et à connaître des choses qui sont susceptibles d’aider d’autres aussi, également.»

À propos de la vie et de la mort

«Vous n’avez aucune idée comme c’est extrêmement curieux de, tout à coup, découvrir qu’on peut avoir 76 ans, comme c’est étonnant. Bon, 70 ans, ça va bien, mais c’est le passage de 75 qui est le passage le plus important, qui marque le plus l’entrée dans le vieillissement.»

«Une vie réussie, c’est beaucoup en fonction des autres, je veux dire, c’est d’avoir été utile - et je reviens encore aux formules “utile et agréable”, si vous voulez – mais je pense que ça, c’est très important pour moi.»

«[Ma vie] n’est pas réussie dans le sens où je n’ai pas atteint les objectifs que j’ai eus à certaines époques, mais les objectifs étant transformés, ayant évolué, je suis tout à fait satisfait de la vie que je mène et que j’ai menée jusqu’ici.»

«Moi, j’aime bien vieillir, j’aime bien être vieux, aussi. J’aime bien ça. Oui, puis je m’accepte comme tel et puis j’essaie de répondre aux attentes aussi. Qu’est-ce qu’on attend d’un vieux? Par exemple, de payer les études des jeunes! [Rires] Ce que je fais, d’ailleurs. De communiquer un peu de son expérience, dans la mesure où on peut communiquer l’expérience qui, par définition, est incommunicable.»

«[...] une vie, c’est toujours inachevé, je ne pense pas qu’on achève sa vie, qu’on dit : “Maintenant, c’est...”. On le dit, bon, mais il y a toujours quelque chose qui reste [...]. Enfin, chez moi, c’est un peu comme ça, il y a quelque chose d’inachevé dans ma démarche, dans mon cheminement. Alors, c’est pourquoi c’est difficile de répondre à ce que c’est la vie accomplie, à ce que la vie est réussie.»

À propos du sacré

«[...] j’ai beaucoup parlé, à l’occasion, de spiritualité, j’ai fait des conférences sur des sujets comme ça, etc., puis en même temps, je sentais que j’étais peut-être en porte-à-faux par rapport à ce que je disais, parce qu’au fond, je parlais de l’importance – je parle encore de ça – de développer une certaine forme de spiritualité. [...] Mais à ce moment-là, quand tu enseignes ça ou que tu communiques ça, il faudrait pratiquement, pour que tu sois entendu correctement, ou que tu ne sois pas pris pour un menteur, il faudrait absolument que tu sois impeccable dans ta vie personnelle. Et c’est difficile d’être impeccable dans la vie personnelle, à certains moments, et puis pourtant, on continue. Il y a un déchirement, là.»

«[...] je m’intéresse à la spiritualité, mais il est inutile de dire que je ne suis pas un homme de religion.»

«[Bouddha], c’est un personnage très important. Il est un symbole, non pas de religion, j’insiste, mais de spiritualité, d’attitude à avoir dans la vie, de la recherche d’une... d’un certain équilibre, d’une certaine joie de vivre, etc.»

«Moi, je ne peux pas vivre sans le sentiment que j’ai que la dimension spirituelle existe, puis là, je ne fais pas de sermons, là, je dis simplement : “je regarde ici, je regarde la nature, je regarde les plantes, je regarde les gens en général” et je trouve qu’il y a un sens profond quelque part dans tout ça, et je ne peux pas le circonscrire suffisamment pour en faire la démonstration. Il y a quelque chose qui nous échappe. Alors, j’accepte également cet aspect-là de la question, c’est-à-dire de ne pas comprendre quelque chose dans ça. Et je ne peux pas imaginer la vie sans cette dimension spirituelle, c’est étonnant, hein, c’est curieux à dire. C’est comme ça.»

À propos de l’identité

«Le problème n’est pas si simple que ça, parce qu’on devient un peu ce que les gens perçoivent chez soi – chez nous, pardon – chez l’individu en question. Je vais réexpliquer ça, parce que ça me paraît important. Les autres me disent que je suis un sage, alors, je me sens un peu obligé de l’être, d’une certaine façon. Et c’est à ce moment-là que j’interviens et que, tout à coup, je change le ton, je dis des choses farfelues, je me présente immédiatement sous un jour différent pour sortir de ce carcan-là. Et ça, je pense que je l’ai assez bien réussi parce que j’ai été sincère là-dedans.»

«Parce que je vais vous dire que c’est très difficile de penser qu’on va refaire le monde si on ne commence pas par se refaire soi-même.»

À propos de la société

«Il y a une question de recherche... même dans la plus grande solitude, il y a la recherche de l’autre, toujours. “Qu’est-ce que je fais qui rend service à l’autre? Me regarde-t-il comme quelqu’un à qui il devrait quelque chose peut-être ou plutôt comme quelqu’un qui le juge sévèrement, etc.” Je pense que ça, c’est très important. La qualité de la relation aux autres est absolument capitale, d’après moi.»

«Le monde est merveilleux. Le seul vrai problème dans le monde, [ce sont] les humains! Vous comprenez ? [Rires].»

«Parce que si je crois, par exemple, que la nature, comme disait Spinoza, que la nature est Dieu, en somme, je me dis qu’on va finir... ça va finir par se transformer. Mais je ne crois pas que notre type de société, de civilisation va durer très longtemps. Je pense que nous sommes promis à une forme d’extinction, même je dirais, quant à moi, qui va permettre à autre chose d’apparaître.»

«Pour l’instant, je dois dire que la catastrophe dans laquelle on se trouve actuellement est telle qu’on ne peut s’en sortir qu’avec quelque chose de très inattendu. Or, peut-être justement une nouvelle façon d’être, une nouvelle façon de faire et de comprendre aussi. Que le sens nous apparaisse d’une façon différente.»

«Je reprends votre phrase parce qu’elle est juste. D’après moi, on peut, par notre conscience, contribuer à un éveil. Oui, je crois ça. Je crois ça.»

«[...] j’ai très peur que la folie des hommes l’emporte à une étape – quitte qu’après d’autres choses arrivent –, mais qu’à une étape, la folie des hommes l’emporte. Je trouve maladif le fonctionnement, par exemple, du capitaliste actuel, du néocapitaliste actuel, je trouve ça catastrophique, je trouve ça littéralement criminel. Les gens volent, trichent, trompent [...]. Est-ce que ça n’a pas toujours été comme ça à une échelle moindre? Ah! Actuellement... actuellement, le monde est malade, actuellement!»

«Mais je pense qu’il faut passer par les individus et être prudents à l’égard des groupes et des rassemblements.»

«Actuellement, les gens qui sont les maîtres du système sont tellement occupés du système ou par le système qu’ils n’ont pas le temps de réfléchir à ce qu’ils font. C’est ce que je crois.»

«L’égocentrisme est payant, autrement dit. Mais c’est qu’il n’y a plus, pratiquement, d’autres valeurs que l’argent et le pouvoir, au fond, vous comprenez, c’est ça le drame. Parler de valeurs spirituelles [...] j’ai l’impression [d’être ringard], vous comprenez? [Rires].»

À propos de l’échec

«Et ce que je trouve le plus difficile à vivre, dans le souvenir même, si vous voulez, c’est d’avoir, dans telle circonstance, blessé quelqu’un, d’avoir eu une conduite qui n’était pas irréprochable dans telle situation, etc. Un examen, comme on disait autrefois, un examen de conscience qui s’impose de lui-même et qui est nécessaire, je pense.»

Vous aimerez peut-être cet article au sujet de Languirand :
http://artdanstout.blogspot.fr/2014/02/en-perte-de-reperes.html

24 août 2014

La Conscience : ici ou ailleurs, ou partout à la fois?


Pour Aurobindo, réconcilier l’Esprit et la Matière sur le papier ne suffisait pas : «Que l’Esprit soit de ce monde ou qu’il n’en soit pas ne fait pas grand différence après tout si la connaissance de l’Esprit dans la vie ne s’accompagne pas d’un pouvoir sur la vie : la vérité et la connaissance sont un vain rayon, si la Connaissance n’apporte pas le pouvoir de changer le monde». 

L’homme a balayé l’âge des Mystères, tout est admirablement cartésien, mais il manque de quelque chose que ne lui donnent ni sa science, ni ses Églises, ni ses plaisirs tapageurs. On n’ampute pas impunément l’homme de ses secrets.

«La période décisive de mon développement intellectuel survint lorsque je pus voir clairement que ce que l’intellect disait pouvait être à la fois exact et inexact, que ce que l’intellect justifiait était vrai et que le contraire était vrai aussi. Je n’admettais jamais une vérité dans le mental, sans admettre simultanément son contraire… Résultat, le prestige de l’intellect était parti. (…)
       »La conscience mentale n’est qu’une gamme humaine. Elle n’épuise pas plus toutes les gammes de conscience possibles que la vue humaine toutes les gradations de couleur ou que l’ouïe humaine toutes les gradations de son, car il y a quantité de choses au-dessus et au-dessous qui sont invisibles et inaudibles pour l’homme. De même, il y a des gammes de conscience au-dessus et au-dessous de la gamme humaine, avec lesquelles l’être humain normal n’a pas de contact et qui, de ce fait, lui semblent «inconscientes» – des gammes supramentales ou surmentales et des gammes submentales… En fait, ce que nous appelons «inconscience» est simplement une autre conscience. Nous ne sommes pas plus «inconscients» quand nous sommes endormis ou assommés, ou drogués, ou «morts», ou dans n’importe quel état, que quand nous sommes plongés dans une pensée intérieure et que nous avons oublié notre moi physique et tout ce qui nous entoure. Pour quiconque un tant soit peu avancé, c’est là une proposition tout à fait élémentaire.
       »À mesure que nous progressons et que nous nous éveillons à l’âme, en nous et dans les choses, nous réalisons qu’il y a une conscience aussi dans la plante, dans le métal, dans l’atome, dans l’électricité, dans tout ce qui appartient à la Nature physique; nous découvrons même que ce n’est pas, à tous égards, un mode de conscience inférieur ou plus limité que le mental; au contraire, dans beaucoup de formes dites «inanimées», la conscience est plus intense, plus rapide, plus aigüe, bien que moins développée en surface.
      »Vous entrez en samadhi quand vous sortez de votre être conscient et que vous entrez dans une partie de votre être qui est complètement inconsciente, ou plutôt dans un domaine où vous n’avez aucune conscience correspondante… Vous êtes dans un état impersonnel,  c’est-à-dire un état où vous êtes inconscient. Et c’est pour cela que vous ne vous souvenez de rien. L’extase est une forme supérieure d’inconscience. Il se pourrait que ce que nous appelons Transcendant, Absolu, Suprême, ne soit pas l’anéantissement extatique que l’on nous a si souvent dit, mais seulement la limite de notre conscience actuelle; il peut être absurde de dire : «Ici finit le monde et là commence le Transcendant, comme s’il y avait un trou entre les deux, car le Transcendant peut commencer au b-a-ba de la raison pour un pygmée et le monde s’évanouir pas plus haut que l’intellect. Il n’y a pas de trou, dans notre conscience. Peut-être le progrès de l’évolution est-il, précisément, d’explorer des zones de conscience toujours plus avancées dans un inépuisable Transcendant, qui ne se situe pas vraiment «en haut» ou ailleurs hors de ce monde, mais partout ici-bas, se dévoilant lentement à notre vision – car si, un jour dans notre préhistoire, le Transcendant s’est situé un peu au-dessus du protoplasme, ce n’est pas qu’il ait quitté le monde du protoplasme pour se réfugier plus haut au-dessus du batracien, du chimpanzé puis dans l’homme, dans une sorte de course d’où il est peu à peu exclu, c’est que nous avons quitté l’inconscience primitive pour vivre un peu plus en avant dans un Transcendant partout présent.
       »Nous avons tout l’espoir qu’avec le développement de la conscience et de la science réunies, nous arriverons à une humanité meilleure et à une vie plus harmonieuse. Mais on ne change pas la vie avec des miracles, on la change avec des instruments. Et nous n’avons qu’un instrument : le mental. Ce sont nos idées qui organisent les découvertes de notre science. Si donc nous voulons regarder d’un œil clair notre avenir, sans nous laisser leurrer par les circonstances du moment ni ses apparents triomphes – d’autres triomphèrent avant nous, à Thèbes, à Athènes, à Oudjaïn –, il convient d’examiner d’un peu plus près notre instrument, le mental, car tel il est, tel sera notre avenir.
       »Or tout passe, semble-t-il, comme si les plus belles idées, les plus hauts plans créateurs, les actes d’amour les plus purs étaient automatiquement défigurés, contrefaits, pollués dès qu’ils descendent dans la vie. Rien n’arrive pur. Mentalement, nous avons déjà inventé les plus merveilleuses recettes; la Vie n’en a jamais voulu. Vingt ans après Lénine, pour ne parler que de notre civilisation présente, que reste-t-il du communisme pur? Que reste-t-il même du Christ sous cet amas de dogmes et d’interdits? On empoisonne Socrate, et Rimbaud s’enfuit au Harrar; nous savons le sort des phalanstères, et des non-violents; les Cathares finissent au bûcher. Et l’histoire tourne comme un Moloch; nous sommes le triomphe, peut-être, après bien des faillites, mais de quel autre triomphe ne sommes-nous pas en faillite? Chronologie des victoires ou des faillites? La vie semble faite d’une substance irrémédiablement déformante, tout y fond comme dans les sables de l’Égypte, tout s’y nivelle dans une irrésistible «gravitation vers le bas».  
       »Il est clair que le mental n’a pas été capable de changer radicalement la nature humaine. Vous pouvez changer indéfiniment les institutions humaines et pourtant l’imperfection finira toujours par briser toutes vos institutions… Il faut un autre pouvoir, qui non seulement pourra résister à cette gravitation descendante, mais la vaincre.
       »Le mental ne sait faire que des systèmes et il veut tout enfermer dans son système. Aux prises avec la vie, le mental devient empirique et doctrinaire; il attrape un bout de vérité, une goutte d’illumination, et il en fait une loi pour tout le monde – il confond l’unité et l’uniformité. Et même quand il est capable de comprendre la nécessité de la diversité, il est pratiquement incapable de la manipuler, parce qu’il ne sait manipuler que ce qui est invariable et fini : les idées sont fragmentaires et insuffisantes; non seulement elles ne triomphent que très partiellement, mais même si leur succès était complet il serait encore décevant, parce que les idées ne sont pas toutes la vérité de la vie et, par conséquent, elles ne peuvent pas la gouverner avec certitude. La vie échappe aux formules et aux systèmes que notre raison s’efforce de lui imposer; elle s’avère trop complexe, trop pleine de potentialités infinies pour se laisser tyranniser par l’intellect arbitraire de l’homme…
       »Toute la difficulté vient de ce qu’à la base de notre vie et de notre existence, intérieure et extérieure, il y a quelque chose que l’intellect ne pourra jamais mettre sous contrôle : l’Absolu, l’Infini. Derrière chaque chose de la vie, il y un Absolu que cette chose recherche, chacune à sa manière; chaque fini s’efforce d’exprimer un infini qu’il sent être sa vérité réelle. En outre, ce n’est pas seulement chaque classe, chaque tendance, chaque type dans la Nature qui est ainsi poussé vers sa propre vérité secrète, chacun à sa manière, mais chaque individu aussi apporte ses propres variations. Il y a non seulement un Absolu, un infini en soi, qui gouverne et qui s’exprime en d’innombrables formes et tendances, mais un principe de potentialité infinie et de variation infinie tout à fait déconcertant pour l’intelligence raisonnante; car la raison ne peut manipuler que ce qui est invariable et fini. Avec l’homme cette difficulté atteint son paroxysme. Car non seulement l’humanité a des potentialités illimitées, non seulement chacune de ses forces et de ses tendances recherche son propre absolu, chacune à sa manière, et s’impatiente donc naturellement de tout contrôle rigide de la raison; mais encore, en chaque homme, les degrés, les méthodes et les combinaisons de ces forces et de ces tendances varient. Chaque homme appartient non seulement à l’humanité commune, mais à l’infini qui est en lui, et, par conséquent, chaque homme est unique. Telle est la réalité de notre existence, et c’est pourquoi la raison intellectuelle et la volonté-intelligence ne peuvent pas être les souverains de la vie, bien qu’elles puissent être actuellement nos instruments suprêmes et qu’elles aient pu être suprêmement importantes et utiles au cours de notre évolution.
       »Mais si l’évolution est une évolution de la conscience, nous pouvons penser que l’humanité ne restera pas sempiternellement au stade mental actuel; que son mental s’illuminera, deviendra plus intuitif et, finalement, peut-être s’ouvrira au surmental.
       »Si nos conditions mentales sont insuffisantes, même à leur zénith, nos conditions vitales et physiques le sont encore davantage. On peut douter que l’Esprit, lorsqu’il se manifestera dans une conscience supramentale, se satisfasse d’un corps soumis à nos lois physiques et de désintégration et de pesanteur et qu’il accepte pour tout moyen d’expression les possibilités limitées du langage mental, du stylographe, du burin et du pinceau. En d’autres termes, la Matière devra changer. C’est l’objet de la Transformation.
       »L’homme est un anormal qui n’a pas encore trouvé sa propre normalité. Il peut s’imaginer l’avoir trouvée; il peut paraître normal dans son espèce, mais cette normalité n’est qu’une sorte d’ordre provisoire.
       »Le supramental sera un état de conscience permanent, tout comme le mental maintenant est un état de conscience permanent parmi les hommes. Loin de moi de vouloir propager quelque religion, nouvelle ou ancienne, pour l’avenir de l’humanité. Il ne s’agit pas de fonder une religion, mais d’ouvrir une voie qui est encore bloquée.»

«S’il est vrai que la conscience est une force, inversement la force est une conscience et toutes les forces sont conscientes. La Force universelle est une Conscience universelle. C’est ce que découvre le chercheur. Quand il a pris contact avec ce courant de conscience-force en lui, il comprend que la conscience est la même et présente dans le métal, la plante, l’animal et l’homme, avec des modalités vibratoires différentes.»

«L’évolution ne consiste pas à devenir de plus en plus saint ou de plus en plus intelligent, mais de plus en plus conscient.» 

~ Sri Aurobindo (1872-1950)
Extraits de : Sri Aurobindo ou l’aventure de la conscience

06 août 2014

Vieux dans l’âme


Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres, ils n’ont plus d’illusions et n’ont qu’un cœur pour deux
Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d’antan
Que l’on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps
Est-ce d’avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d´hier
Et d’avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières?
Et s’ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d’argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit : je vous attends?

~ Jacques Brel (Les Vieux)

J’ai lu par curiosité un article sur les «vieilles âmes» (site The Mind Unleashed, dont j’ai traduit/adapté quelques bribes). Cela rejoint essentiellement les caractéristiques décrites dans l’ADDENDA, où vous trouverez aussi des données sur les autres «âges» de l’âme : http://airkarma-mestengo.blogspot.fr/2010/11/addenda.html

Quelques tendances typiques

Solitude
Étant donné que les buts et les intérêts des gens de leur groupe d’âge n’intéressent pas les vieilles âmes, elles trouvent leurs relations insatisfaisantes et peuvent avoir de la difficulté à socialiser. C'est l'une de leurs principales caractéristiques. Elles sont souvent solitaires par manque d’affinités avec l’entourage.

Connaissance, sagesse et vérité
Les vieilles âmes comprennent intuitivement que connaissance égale pouvoir, que sagesse égale bonheur et que vérité égale liberté, alors pourquoi rechercheraient-elles autre chose? Ces questions ont plus d’importance que les potins de Facebook ou les derniers résultats d’un match de football.

Spiritualité
Les vieilles âmes sont en général spontanément intéressées par la spiritualité. Surmonter les limites de l'ego, rechercher l'illumination et promouvoir la paix et l'amour sont leurs principales préoccupations. Cela leur semble être la meilleure façon d’utiliser leur temps.

Conscience du caractère éphémère de la vie
Les rappels constants de leur propre finalité et de celle des êtres de leur entourage font en sorte que les vieilles âmes se retirent parfois sagement afin de vivre leur vie comme elles l’entendent.

Réflexion, introspection
Les vieilles âmes pensent beaucoup… Réfléchir et tirer des leçons de leur propre vie (et de celles des autres) est leur plus grande source d’enseignement. Elles apprennent beaucoup uniquement en observant ce qui se passe.

Vision 
Il est rare que les vieilles âmes se perdent dans la quête des diplômes et des promotions, magasinent les chirurgies esthétiques et regardent compulsivement la télé. Elles voient la vie à travers une mire et choisissent généralement ce qui sera le plus sage et le plus utile pour résoudre leurs problèmes, qu’elles considèrent temporaires. Et, les souffrances passagères ne les empêcheront pas de ressentir de la joie après coup. Leur approche de la vie a tendance à être stable, stoïque.

Détachement
La richesse, le statut, la renommée et la dernière version iPhone… ennuient les vieilles âmes. Elles ne voient aucun intérêt à accumuler des objets qui peuvent facilement leur être enlevés. Elles n’investissent ni temps ni énergie dans des choses éphémères qui ne nourrissent pas un sentiment durable d’accomplissement.

Inadaptation sociale
Ce n'est pas toujours le cas, mais de nombreuses vieilles âmes présentent d’étranges signes de maturité en bas-âge. Souvent, ces enfants sont étiquetés «précoces», «introvertis» ou «rebelles», parce qu’ils n’agissent pas selon le courant social. Généralement, ces enfants sont extrêmement curieux et intelligents, conscients de l’inutilité de bien des choses que leur apprennent les professeurs, leurs parents et leurs pairs; souvent ils résistent, passivement ou activement. Quand on peut parler à un enfant comme à un adulte, c’est qu’il s’agit probablement d’une vieille âme.

Impression d’être «vieux»
La vieille âme peut être jeune (âge physique), mais se sentir vieille intérieurement. Les vieilles âmes éprouvent généralement de la lassitude par rapport au monde en général, une sorte de fatigue mentale; mais elles sont quand même patientes, vigilantes, détachées et calmes. Malheureusement, c’est souvent interprété comme de la distanciation, de l’indifférence ou de la froideur. C’est simplement un autre mythe à leur sujet.

19 juillet 2014

Suivre son «instinct»



Rien d’équivalent comme les attractions/répulsions pour étudier nos vies antérieures… Ça parle très fort.

(...) les gens on les aime tout de suite ou jamais.
~ Christian Bobin (La folle allure, p. 16, Éditions Gallimard 1995)

Ressentiments et pressentiments (vus par Constance de Théis, 1767–1845) 

Il y a des gens à qui on n'a aucune raison d'en vouloir, et qui pourtant font éprouver, quand on se sent près d'eux, un sentiment de gêne, de repoussement, qui cesse dès qu'on en est éloigné. On rend alors une entière justice à leurs qualités, à leur mérite; on se reproche sa froideur, et on se promet de la réparer : mais, dès qu'on les revoit, on est tout à coup comme frappé du même repoussement, et il devient impossible de s'abandonner au sentiment qu'on voulait leur témoigner.
       Il est hors de doute qu'il y a, dans ceux qui font naître en nous cette sensation, des défauts, des vices, des intentions qui nous sont contraires, dont nous ne nous rendons pas compte, parce qu'ils sont dissimulés avec art, ou parce que, n'ayant en nous rien qui y soit analogue, nous ne pouvons les bien saisir, mais dont nous sommes avertis par notre instinct, qui, sans que nous nous en apercevions, vient sans cesse au secours de notre faiblesse et de l'imperfection de notre jugement.

(Pensées - XCII, Première partie, Ed. Firmin Didot, Paris, 3e édition, 1836)

On n'a jamais réellement pensé à définir les pressentiments. Les esprits forts y attachent peu d'importance, et ils ont raison s'ils ne leur semblent qu'une sorte de prescience; mais en y réfléchissant, on voit qu'ils sont au contraire la suite d'une sensation toute positive, et que, considérés sous ce point de vue, ils méritent l'attention la plus sérieuse.

Lorsqu'un sentiment que nous ne pouvons expliquer nous fait craindre quelque malheur pour nous, ou pour les personnes qui nous sont chères, et lorsqu'en effet cette crainte n'est point sans fondement, une suite de petits incidents qui ne sont rien pour les indifférents, mais qui se rattachent à ce qui préoccupe nos esprits, nous cause, par cette raison, des émotions vagues et de pur instinct, qui n'ont pas assez de poids pour que nous les raisonnions, mais qui sont trop réelles pour ne pas nous faire une impression quelconque. Si ces émotions n'ont aucune suite, elles s'évanouissent et ne nous semblent plus qu'un rêve de notre imagination; mais si elles se renouvellent, elles finissent par établir en nous un sentiment de prévoyance qui tient nos facultés éveillées sur ce que l'instinct nous fait craindre, qui s'augmente avec le danger, et qui nous en avertit mieux que notre raison même, dont les jugements ne peuvent reposer que sur des données claires et certaines.
       C'est évidemment de cette disposition de nos esprits, de l'enchaînement et de l'ébranlement de tous ces fils, que naît ce que nous appelons les pressentiments; et c'est, lorsque des circonstances nouvelles nous donnent des lumières plus positives, et quand ce que nous avons prévu arrive, que nous disons : «J'en avais le pressentiment.»
       La sensation à laquelle on donne ce nom n'est donc pas une chose illusoire ni ridicule; elle est le résultat d'une observation involontaire qui se représente à l'instant à notre souvenir quand les événements la confirment, et la preuve en est que si les personnes qui ont eu des pressentiments veulent s'en rendre bien compte, elles verront toujours qu'ils ont tenu à des causes réelles, qu'ils se rattachaient à des événements qui ont eu lieu en effet, et qu'ils auraient pu les annoncer (et peut-être les prévenir), s'ils avaient eu assez de force pour frapper vraiment l'imagination. Une foule de malheurs, de circonstances extraordinaires, prouve sans cesse cette vérité, dont l'histoire même offre plus d'un exemple, et on doit en conclure, comme je crois l'avoir démontré, que loin qu'il faille se jouer des pressentiments, il faut au contraire se hâter de les approfondir ; qu'ils reposent toujours sur une cause quelconque, et qu'ils ont leur source dans un instinct d'autant plus sûr, qu'il agit en nous lorsque notre esprit n'est pas encore assez troublé par la crainte, ou par la passion, pour nous ôter la rectitude de notre jugement.

(Pensées - LXXXIII, Première partie, Ed. Firmin Didot, Paris, 3e édition, 1836)

Source de la sélection : Au fil de mes lectures 
http://www.gilles-jobin.org/citations/index.php?page=accueil

Dans le même ordre d’idée :

http://airkarma-mestengo.blogspot.fr/2010/11/chapitre-9-le-karma-de-vengeance-role.html


11 juillet 2014

Dans la jarre

Il y a quelques mois, je découvrais un écrit de Schopenhauer sur les animaux. Correspondance de vision. J’ai eu envie de le connaître autrement que de nom et de quelques citations.
       Or, tout à l’heure, en lisant Âme et iPad de Maurizio Ferraris*, j’ouvre un lien Wiki vers Schopenhauer. Stupéfaction, d’autres similitudes, notamment dans le passage reproduit ci-après. Écriture sous influence (conformément à la théorie du «cerveau dans la jarre», à savoir que l'homme ne comprend la réalité qu’à travers ses sentiments subjectifs)? Assurément. S’il est vrai que toutes les pensées de la mémoire collective flottent dans la conscience universelle intemporelle, il est plus que probable qu’on se connecte par résonance (le plus souvent inconsciemment) à toutes sortes d’influences.

Ne crois pas à tout ce que tu penses…

Illustration : Judith Anderson, Missa Gaia : This Is My Body, 1988

La souffrance

Le comportement des animaux et des hommes, qui sont les objectivations supérieures de la Volonté dans les strates de l'existence, est entièrement régi par la fuite de la souffrance, qui, comme idiosyncrasie, est perçue, in fine, positivement. Les plaisirs ne sont que des illusions fugaces, des apaisements possibles au creux des désirs et des tracas ininterrompus. Ils n’apparaissent jamais qu’en contraste avec un état de souffrance, et ne constituent pas une donnée réellement positive pour les êtres « en mouvement » et désirant. Le plaisir, toujours fugace, peut constituer tout au plus un repos de l’esprit mais il reste un repos éphémère, puisqu'il est sans cesse troublé par l'apparition de nouveaux désirs, lesquels apparaissent en dehors de toute volonté consciente et réfléchie. Parce que tous les êtres subissent « la volonté » d'un ordre phénoménal supérieur, l'inconscience est la vérité commune de l'expérience de tous les êtres qui constituent le monde, et c'est une vérité psychologique et archétypique de la condition humaine. 

L’amour

Dans Le Monde comme volonté et comme représentation, on peut lire, au début du chapitre consacré à la métaphysique de l’amour : « Aucun thème ne peut égaler celui-là en intérêt, parce qu’il concerne le bonheur et le malheur de l’espèce, et par suite se rapporte à tous les autres […] ».

« Au lieu de s’étonner, écrit Schopenhauer, qu’un philosophe aussi fasse sien pour une fois ce thème constant de tous les poètes, on devrait plutôt se montrer surpris de ce qu’un objet qui joue généralement un rôle si remarquable dans la vie humaine n’ait pour ainsi dire jamais été jusqu’ici pris en considération par les philosophes. »

L’importance de ce thème se comprend si l’on part de ceci que, pour Schopenhauer, la Volonté constitue le fond des choses. Si le monde est l’objectivation de la Volonté, si par lui, elle parvient à la connaissance de ce qu’elle veut, à savoir ce monde lui-même ou, aussi bien, la vie telle qu’elle s’y réalise, on admettra que volonté et vouloir-vivre sont une seule et même chose.

Or, l’amour est ce par quoi la vie apparaît ici-bas. De la vie, l’expérience nous enseigne qu’elle est essentiellement souffrance, violence, désespoir. Cette misère des êtres vivants, misère que la lucidité nous contraint à reconnaître, ne répond à aucun but : originellement, la Volonté est aveugle, sans repos, sans satisfaction possible.

Certes, la nature poursuit bien, en chaque espèce, un but, qui est la conservation de celle-ci. Mais cette conservation, cette perpétuation, ne répond elle-même à aucune fin : chaque génération refera ce qu’a fait la précédente : elle aura faim, se nourrira, se reproduira. « Ainsi va le monde, résume Martial Guéroult, par la faim et par l’amour ». La seule chose qui règne, c’est le désir inextinguible de vivre à tout prix, l’amour aveugle de l’existence, sans représentation d’une quelconque finalité.

Ainsi, chez Schopenhauer, l’amour se présente d’abord comme cet élan aveugle qui conduit à perpétuer indéfiniment la souffrance en perpétuant indéfiniment l’espèce. L’acte générateur est le foyer du mal. Dans un entretien avec Challemel-Lacour, en 1859, Schopenhauer dit : « L'amour, c’est l’ennemi. Faites-en, si cela vous convient, un luxe et un passe-temps, traitez-le en artiste; le Génie de l’espèce est un industriel qui ne veut que produire. Il n’a qu’une pensée, pensée positive et sans poésie, c’est la durée du genre humain. » Céder à l’amour, c’est développer le malheur, vouer une infinité d’autres êtres à la misère. Ceci explique directement le sentiment de honte et de tristesse qui suit, chez l’espèce humaine, l’acte sexuel. Le thème de l’amour chez Schopenhauer est donc à mettre en rapport avec l’horreur devant la vie : il apparaît d’abord comme un objet d’effroi.

La passion amoureuse et l'inclination sexuelle

La passion amoureuse et l’instinct sexuel, pour Schopenhauer, sont fondamentalement une seule et même chose. À ceux qui sont dominés par cette passion, écrit-il, « Ma conception de l’amour […] apparaîtra trop physique, trop matérielle, si métaphysique et transcendante qu’elle soit au fond ».

À l’opposition classique entre l’esprit et le corps, Schopenhauer substitue une opposition entre l’intellect et la volonté. Or, il faut reconnaître, dans la sexualité, une expression du primat du vouloir-vivre sur l’intellect, primat qui implique que « les pensées nettement conscientes ne sont que la surface », et que nos pensées les plus profondes nous restent en partie obscures, quoiqu’elles soient, en réalité, plus déterminantes, plus fondamentales. Ces pensées profondes sont constituées par la Volonté, et la Volonté, comme vouloir-vivre, donc vouloir-se-reproduire, implique, en son essence, la sexualité.

En affirmant ainsi le caractère obscur pour la conscience des pensées liées à la sexualité, Schopenhauer esquisse une théorie d’un moi non-conscient – même s'il ne s’agit pas encore d’une théorie de l’inconscient, au sens où l’entendra Freud. C’est à partir de ce fond non-conscient, c’est-à-dire à partir de la sexualité, qu’il faut comprendre l’existence, chez l’être humain, de l’intellect : « du point de vue externe et physiologique, les parties génitales sont la racine, la tête le sommet ».

L’instinct sexuel est l’instinct fondamental, « l’appétit des appétits » : par lui, c’est l’espèce qui s’affirme par l’intermédiaire de l’individu, « il est le désir qui constitue l’être même de l’homme ». « L’instinct sexuel, écrit-il encore, est cause de la guerre et but de la paix : il est le fondement d’action sérieuse, objet de plaisanterie, source inépuisable de mot d’esprit, clé de toutes les allusions, explication de tout signe muet, de toute proposition non formulée, de tout regard furtif […]; c’est que l’affaire principale de tous les hommes se traite en secret et s’enveloppe ostensiblement de la plus grande ignorance possible ». « L’homme est un instinct sexuel qui a pris corps ». C’est donc à partir de lui qu’il faut comprendre toute passion amoureuse. Tout amour cache, sous ses manifestations, des plus vulgaires aux plus sublimes, le même vouloir vivre, le même génie de l’espèce.

Pourtant, dira-t-on, n’y a-t-il pas, entre l’instinct sexuel et le sentiment amoureux, une différence essentielle, puisque le premier est susceptible d’être assouvi avec n’importe quel individu, tandis que le second se porte vers un individu en particulier?

Schopenhauer ne nie aucunement une telle distinction. Il fait même de l’individualisation du choix amoureux l'énigme centrale de la psychologie amoureuse. Le choix des amants est apparemment la caractéristique essentielle de l’amour humain. Cela ne signifie pas, pour autant, qu'on ne peut pas expliquer ce choix par le génie de l’espèce. La préférence individuelle, et même la force de la passion, doivent se comprendre à partir de l’intérêt de l’espèce pour la composition de la génération future. « Toute inclination amoureuse […] n’est […] qu’un instinct sexuel plus nettement déterminé […], plus individualisé ». « La procréation de tel enfant déterminé, voilà le but véritable, quoique ignoré des acteurs, de tout roman d'amour : les moyens et la façon d'y atteindre sont chose accessoire.». C’est dans l’acte générateur que se manifeste le plus directement, c’est-à-dire sans intervention de la connaissance, le vouloir-vivre.

Or, l’amour, la reproduction, ne sont que ce par quoi le mal, la misère, sont perpétués dans le monde. La passion amoureuse est ainsi, au centre de la tragédie sans cesse réitérée que constitue l’histoire du monde. La tragédie est d’autant plus grande qu’en procréant, l’individu prend obscurément conscience de sa propre mort : il n’est rien, seule compte l’espèce, et l’espèce n’est faite que d’autres individus qui, comme lui, connaissent la souffrance et l’angoisse. Les aspirations des amants, écrit Schopenhauer, « tendent à perpétuer cette détresse et ces misères qui trouveraient bientôt leur terme, s’ils n’y faisaient pas échec comme leurs semblables l’ont fait déjà avant eux ».

La lucidité, et le sentiment de pitié dont l’homme est susceptible à l’égard des autres êtres vivants, imposent de mettre un terme à ces souffrances, en renonçant à la procréation.

La compassion (« amour pur »)

Précisément, le terme d’amour peut s’entendre, non plus seulement au sens d’instinct sexuel ou de passion amoureuse, mais également au sens de compassion universelle devant l’universelle souffrance dont nous sommes tous témoins, soit en tant qu'agents et aussi en tant que patients. La « pitié », en effet, est la seule vertu morale qui ait véritablement un sens profond au regard de la condition humaine. C’est, davantage encore que dans la pitié, dans la charité qui est, aussi, bien que pas seulement, « amour de l’humanité », que le phénomène moral se manifeste avec le plus de force et de clarté. La « pitié » est alors définie comme un sentiment intérieur entièrement spontané ; bien que spontané soit ici quasiment synonyme d'inné, Schopenhauer ne considère en aucune façon que l'être humain soit « par nature » bon ou bienveillant puisque pour lui la « pitié » est une forme d'amour du soi de tout être vivant dont l'égoïsme est l'autre face, contraire, mais tout aussi originelle.

Mais cette affirmation d'une compassion universelle ne va pas sans poser problème : un tel sentiment est-il seulement possible? « Comment, demande Schopenhauer, une souffrance qui n’est pas mienne, qui ne me touche pas moi, peut-elle devenir à l’instar de la mienne propre, un motif pour moi et m’inciter à agir? »

En réalité, le sentiment de pitié s’explique par l’unité de la Volonté, unité qui est au-delà de la multiplicité phénoménale des individus : la Volonté du « moi », en tant justement que Volonté, se reconnait identique à celle d’autrui dans un seul et même être. (Ainsi Schopenhauer n'hésite pas parfois à affirmer ce propos « scandaleux » tellement il semble contre intuitif et même « immoral » de l'identité totale du bourreau et de sa victime.)

Mais quelles sont les conséquences pratiques et éthiques de ce sentiment de pitié donc « d’amour pour l’humanité » (mais, tout aussi bien, pour les animaux)? Autrement dit, que puis-je faire, au juste, face à la souffrance d’autrui? Au fond, un individu peut difficilement soulager les souffrances d’un autre. Pour Schopenhauer, la participation à la souffrance d’autrui ne trouve son achèvement que dans l’affranchissement de la souffrance du monde par l’abnégation du vouloir-vivre, par la négation concrète de celui-ci dans l’ascétisme, négation qui peut même aboutir à un état de béatitude, c'est-à-dire de « suspension de la souffrance ». Pour comprendre vraiment sans contresens ce que dit Schopenhauer de l'éthique il est essentiel de bien saisir que selon lui l'individualité n'est en aucun cas la véritable condition ontologique de l'être humain et que, par suite, cette individualité n'est peut être bien que la plus subtile « illusion » par laquelle « le voile de Maya » de la Volonté nous recouvre en nous laissant accroire que nous sommes des « êtres rationnels ».

D’où l’exhortation, chez Schopenhauer, à la restriction des désirs, mais aussi son éloge non contradictoire des plaisirs esthétiques et intellectuels. L'abnégation totale du vouloir-vivre implique certes la négation du corps et donc de la sexualité, qui est « l’expression la plus directe » de la Volonté mais dès lors que ces plaisirs sont affranchis de leur subordination aux services du vouloir-vivre, ils n'ont, en eux-mêmes, plus rien de moralement condamnables. Le refus de perpétuer la souffrance de l’humanité implique ainsi avant tout un refus de la procréation : la « mortification » de la Volonté passe, dès lors, par le célibat, la « chasteté » volontaire. En d’autres termes, la compassion - c'est-à-dire l’amour pour l'humanité -, trouve sa plus haute forme d'accomplissement dans le renoncement à la sexualité reproductrice et au « sentiment amoureux » dès lors que celui-ci n'en est que le masque.

La philosophie de Schopenhauer de l'amour conduit donc, d’une part, à l'identification « non réductrice » de l’instinct sexuel et de la passion amoureuse (celle-ci n’étant qu’un instinct sexuel individualisé), et d’autre part, à une opposition radicale entre l’amour-charité et l’amour-passion. La « charité » est pour Schopenhauer en ce sens distincte de ce qu'elle est pour les chrétiens puisqu'elle peut très bien ne pas coïncider avec ce qu'on appelle trivialement « l'amour de la vie ».

L’illusion amoureuse

Schopenhauer est, pourrions-nous dire, le philosophe qui « détruit » en nous toute forme d’espoir, en qualifiant notamment d’« illusions » ce que le sens commun considère lui comme une évidence et un bien. Au nombre de ces illusions, le philosophe range l’amour, dans lequel il voit une « ruse du génie de l’espèce ». La conception de l’amour comme d’un instinct servant exclusivement les intérêts de l’espèce, et, a fortiori ceux du Vouloir, contribue à faire de Schopenhauer, certes un philosophe « pessimiste », mais aussi et surtout un philosophe original.

« Toute inclination amoureuse, en effet, pour éthérées que soient ses allures, prend racine uniquement dans l’instinct sexuel, et n’est même qu’un instinct sexuel plus nettement déterminé, plus spécialisé et, rigoureusement parlant, plus individualisé.». Il nous faut effectivement comprendre que l’homme, en tant qu’objectivation la plus individualisée du Vouloir, n’aura bien en vue que « ses » propres intérêts, ou, du moins, ce qu’il juge être « ses » intérêts, là où l’animal obéit, lui, aveuglément et d’une manière immédiate, aux intérêts de l’espèce. Mais, loin d’échapper à la « dictature de l’espèce », l'être humain, sans s’en apercevoir, reste pourtant totalement soumis au Vouloir et à sa perpétuation. Et, ce qui permet de concilier à la fois les intérêts particuliers de l’individu et ceux de l’espèce, ce n’est pas autre chose que « le sentiment amoureux ». En ce sens, l’amour, la passion, désignent les « instruments » du Vouloir soumettant l’individu à la perpétuation de l’espèce. Lorsqu’un « sentiment amoureux » se fait jour en moi, ce n’est ni plus ni moins que le vouloir-vivre qui s’éveille et qui témoigne, d’une manière déguisée, de son aspiration à se prolonger sous la forme d’une existence individuelle nouvelle. Cette idée ne peut être mieux formulée que par Schopenhauer lui-même : « quand l’individu doit se dépenser et même faire des sacrifices en faveur de la persistance et de la constitution de l’espèce, l’importance de l’objectif ne peut être rendue perceptible à son intellect adapté aux seules fins individuelles, de telle sorte qu’il agisse en conformité avec lui. C’est pourquoi la nature ne peut en l’occurrence atteindre son but qu’en inculquant à l’individu une illusion, grâce à laquelle il regardera comme un bien pour lui-même ce qui n’est tel en fait que pour l’espèce ». La passion amoureuse est donc une sorte de « voile » cachant à l’individu que ce qu’il pense être ses intérêts personnels sont, en réalité, ceux de l’espèce.

Il pourrait peut-être, en ce sens, être intéressant de mettre en lumière les origines d'une « ruse de la Volonté » chez Schopenhauer. La ruse, c’est celle d’un Vouloir, véritable essence de l’univers, qui, en vue de seulement perdurer indéfiniment dans l’existence, soumet l’ensemble de ses manifestations à la perpétuation de l’espèce par le biais de l’instinct sexuel. Et c’est parce qu’en l’homme, les intérêts « égoïstes » priment spontanément sur ceux de l’espèce, que le Vouloir usera d’un « stratagème » afin qu’intérêts particuliers et généraux soient illusoirement confondus. Ainsi, nous pouvons étudier « la passion amoureuse » selon deux points de vue : selon la perspective individuelle, les hommes recherchent leur propre plaisir dans la compagnie de l’être aimé ainsi que dans la jouissance sexuelle; du point de vue plus général de l’espèce, l’amour entre deux êtres désigne le moyen expédient pour le Vouloir de satisfaire sa tendance inconsciente première et essentielle, à savoir la volonté de vivre. C’est ce qui permet à Schopenhauer de parler du « sentiment amoureux » comme d’une véritable « illusion », d’un « instinct », ou encore d’un « masque ». La passion amoureuse n’est donc jamais que « l’effet de surface » d’un vouloir-vivre inconscient qui nous gouverne de part en part et vis-à-vis duquel, nous ne représentons que des « moyens » et en aucun cas « des fins ».

Schopenhauer se livre par ailleurs, dans la Métaphysique de l’amour, à une véritable « psychologie des désirs »; en essayant de montrer dans quelle mesure « les choix » (d’ordre indissociablement physique et psychique) qui nous poussent vers tel être et pas tel autre témoignent de ce vouloir-vivre qui cherche dans autrui, non pas « le meilleur amant », mais « le meilleur reproducteur », Schopenhauer tend à nous révéler que ce qui parle en nous dans pareil cas, ce n’est pas tant « l’esprit » mais « l’instinct ». Le Vouloir, comprenons-le bien, ne cherche pas à se reproduire purement et simplement, mais il tend, au fil des générations, à le faire avec « la meilleure constitution possible », bien que cette « meilleure constitution » il n'en ait pas la moindre « représentation ». Nous ne sommes pas très loin, ici, d’une théorie « (néo)Darwiniste ». Pour comprendre « une inclination particulière pour tel être », Schopenhauer parle de « considérations inconscientes » qui seraient à l’origine du « choix ». Ce que recherche la nature (ou le Vouloir) par l’intermédiaire de nos choix inconscients et pourtant rigoureusement déterminés, ce n’est en fait rien d’autre que son propre « équilibre ». Comme le philosophe le dit lui-même, « tandis que les amoureux parlent pathétiquement de l’harmonie de leurs âmes, le fond de l’affaire […] concerne l’être à procréer et sa perfection ». Telle est donc la ruse du génie de l’espèce à laquelle nous sommes tous soumis, nous qui aspirons pourtant consciemment, plus que tout, à l’indéterminisme et à la liberté.

C’est sans aucun doute à la suite de la lecture de la Métaphysique de l’amour que Freud a pu écrire : « d’éminents philosophes peuvent être cités pour (mes) devanciers, avant tout autre le grand penseur Schopenhauer, dont la « volonté » inconsciente équivaut aux instincts psychiques de la psychanalyse. C’est ce même penseur, d’ailleurs, qui, en des paroles d’une inoubliable vigueur, a rappelé aux hommes l’importance toujours sous-estimée de leurs aspirations sexuelles ». Le « sentiment amoureux » n’est pas fondamentalement autre chose que « l’instinct sexuel » en puissance; et l’instinct sexuel traduit la tendance concrète du Vouloir à se perpétuer dans l’existence. C’est dire que la passion amoureuse désigne cette ruse que le Vouloir exerce sur des êtres dont les intérêts conscients sont « apparemment » uniquement égoïstes. C’est ainsi que je vais me croire libre de rechercher à la fois la compagnie de l’être aimé et la satisfaction engendrée par la jouissance sexuelle, alors qu’en réalité, par une telle attitude, je me constitue en esclave du Vouloir et de son intérêt primordial : sa manifestation phénoménale. Avoir l’illusion de servir « ses intérêts privés », c’est donc, très souvent sinon presque toujours, chercher à assurer la subsistance du Vouloir auquel je suis soumis.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Schopenhauer

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* Maurizio Ferraris, philosophe de l'Université de Turin.  

Et si l'iPad était la nouvelle mémoire de l'homme comme le fut la tablette de cire de Platon?
       Les anciens se souviendront d’un temps où l’on nous promettait un monde sans papier. Les ordinateurs nous débarrasseraient de cet objet du passé. Le futur serait libre de pareilles traces.
       Cette prophétie ne s’est évidemment pas avérée. Nous sommes toujours submergés de papier, même si de plus en plus des signes que nous laissons derrière nous n’ont d’existence que dans les machines qui nous accompagnent partout : téléphones, tablettes, ordinateurs.
       À l’ère du tout-numérique, le papier n’est pas encore obsolète, ne serait-ce que pour imprimer les manuels pour aider les utilisateurs à tirer le meilleur de leurs machines. Il en existe même toute une série destinée aux idiots (Internet for Dummies [réf], dans la langue de Bill Gates). (…)
       La question que pose Maurizio Ferraris est celle des rapports de l’esprit et de la lettre, de l’âme et de l’automate. Contre la tradition dualiste, il démontre que la lettre — son inscription, ses archives, sa mémoire — précède l’esprit. Sans documentalité, pas d’espèce humaine : « notre esprit est un appareil d’écriture ». Comment arrive-t-il à une conclusion aussi radicale ? En allumant son iPad et en se mettant à réfléchir. L’analyse critique de la technique révèle des choses très anciennes, mais qui nous ont échappé. Plus maintenant.

BENOÎT MELANÇON, Directeur scientifique
Presses de l’Université de Montréal

Disponible gratuitement à cette adresse :
http://parcoursnumeriques-pum.ca/preface

05 juillet 2014

Des théories qui bousculent les certitudes

Photographe inconnu. Source: Learning-Mind

Les théories ci-après me semblent plus réalistes que les théories scientifiques strictement physiques/matérialistes. Suggestion pour apprivoiser (peut-être) une perception différente de notre monde : The Nature of Personal Reality (1975), par Jane Roberts. (Un ouvrage de vulgarisation bien documenté.)

(…)
But what exactly
did our bodies wrap themselves around –
ghosts?
Translucent spirals of consciousness?
Invisible particles of desire,
partially assembled?
And of what strange launching
were our births the end result?

~ Jane Roberts
If We Live Again
Poetry by Jane Roberts
Prentice-Hall, 1982

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En période de changement, le monde appartient à ceux qui savent apprendre. Ceux qui «savent», eux, connaissent tout d’un monde qui n’existe plus.
~ Eric Hoffer

La science ne sert qu’à nous donner une idée de l’étendue de notre ignorance.
~ F. de Lamennais

C’est une très mauvaise manière de raisonner que de rejeter ce qu’on ne peut comprendre.
~ F. R. de Chateaubriand

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Dix théories stupéfiantes qui changeront votre perception du monde

La réalité n'est pas aussi évidente ou simple qu’on veut le croire. Certaines choses que nous prenons pour argent comptant sont manifestement fausses. Les scientifiques et les philosophes ont fait tous les efforts possibles pour changer nos perceptions ordinaires. Les dix exemples ci-dessous en sont une illustration.

1. La grande glaciation

La grande glaciation est la théorie concernant l'état final vers lequel s’oriente notre univers. L'univers a une capacité limitée d'énergie. Selon cette théorie, lorsque cette énergie finit par s'épuiser, l'univers retourne à l'état de congélation. L'énergie thermique produite par le mouvement des particules, la perte de chaleur, une loi naturelle de l'univers, signifie que finalement, ce mouvement de particules va ralentir et, probablement, un jour tout s'arrêtera.

2. Solipsisme

Solipsisme est une théorie philosophique qui affirme que rien n'existe, sauf la conscience individuelle. Au premier abord, ça semble ridicule - et quiconque l’a intégré complètement dans sa tête niera l'existence du monde autour de nous? Sauf que, si vous y réfléchissez sérieusement, il est réellement impossible de vérifier quoi que ce soit autrement qu’avec notre propre conscience.

Me croyez-vous? Arrêtez-vous un instant et pensez à tous les possibles rêves que vous avez expérimentés durant votre vie. N'est-il pas possible que tout ce qui vous entoure ne soit rien d'autre qu'un rêve incroyablement compliqué? Mais, il y a des gens et des choses autour de nous dont nous ne pouvons pas douter, parce que nous pouvons les entendre, les voir, les sentir, les goûter, et les ressentir, n’est-ce pas? Oui et non. Les gens qui prennent du LSD, par exemple, disent qu'ils peuvent toucher les hallucinations des plus convaincantes, mais nous ne prétendons que leurs visions soient la «réalité». Vos rêves simulent aussi des sensations après tout, et ce que vous percevez vient des suggestions de différentes parties de votre cerveau.

En conséquence, quelles sont les parties de l’existence dont on ne peut douter? Aucune. Pas le poulet nous avons mangé au dîner ou le clavier sous nos doigts. Chacun de nous ne peut être certain que de ses propres pensées.

3. Idéalisme

George Berkeley, le père de l'idéalisme, faisait valoir que tout existe sous forme d’idée dans l'esprit de quelqu’un. Certains détracteurs de Berkeley trouvaient sa théorie stupide. L'histoire raconte que l'un de ses détracteurs donna un coup de pied sur une pierre, les yeux fermés et lui dit : «Tiens, je viens de prouver le contraire!»

L'idée étant que si la pierre n’avait existé que dans son imagination, il n’aurait pas pu la frapper les yeux fermés. La réfutation de Berkeley est difficile à comprendre, surtout de nos jours. Selon lui, un Dieu omnipotent et omniprésent voyait tout simultanément. Réaliste?

4. Platon et le Logos

Tout le monde a entendu parler de Platon, il est le philosophe le plus célèbre. Comme tous les philosophes, il avait beaucoup à dire sur la réalité. Il avançait qu'au-delà de notre perception de la réalité il y avait un monde de formes «parfaites». Tout ce que nous voyons, n’est qu’une ombre, une imitation des vraies choses. Il disait qu'en étudiant la philosophie nous avions une chance d’avoir un aperçu de la façon dont les choses sont réellement, de découvrir les formes parfaites de tout ce que nous percevons.

En plus de cette étonnante déclaration, Platon, étant moniste, disait que tout est constitué d'une seule substance. Ce qui signifie (selon lui) que les diamants, l'or et les excréments d’un chien sont tous constitués de la même matière de base, mais sous une forme différente, ce que la découverte scientifique des atomes et des molécules a confirmé dans une certaine mesure.

5. Présentisme

Le temps est quelque chose que nous percevons comme naturel. Si nous le considérons dans le moment, nous le divisons généralement en passé, présent et futur. Le présentisme soutient que le passé et l'avenir sont des concepts imaginés, et que seul le présent est réel.

En d'autres termes, le petit-déjeuner d’aujourd'hui, et les mots de cet article cesseront d'exister une fois que vous les aurez lus, jusqu'à ce que vous ouvriez la page à nouveau. Le futur est tout aussi imaginaire, parce que le temps ne peut exister avant et après ce qui s’est passé, comme l’affirmait de Saint-Augustin.

6. Éternalisme eternalism  

L’éternalisme est à l’opposé du présentisme. C'est une théorie philosophique qui spécule que le temps a plusieurs strates. On peut le comparer à un gâteau à étages (cependant, contrairement au temps, le gâteau n'est pas un sujet de débat philosophique).  Tout le temps existe simultanément, mais la mesure du temps est déterminée par l'observateur. Ce qu'il voit dépend du point qu’il est en train de regarder.

Ainsi les dinosaures, la Seconde guerre mondiale et Justin Bieber existent tous simultanément, mais ne peuvent être observés qu’à partir d’un emplacement spécifique. Si l'on adopte cette vision de la réalité, l'avenir est sans espoir et le libre-arbitre déterministe est illusoire.

7. Le cerveau dans la jarre
 

Photographe inconnu. Source : The Mind Unleashed

La théorie du «cerveau dans la jarre» est une question débattue par les penseurs et les scientifiques, qui, comme la plupart des gens, croient que l'homme comprend la réalité uniquement à travers ses sentiments subjectifs.

Alors, quelle est l’origine du débat? Imaginez que vous n’êtes qu’un cerveau dans une jarre, contrôlé par des aliens ou des scientifiques fous. Comment le sauriez-vous? Et, pouvez-vous vraiment nier la possibilité que ce soit votre réalité?

Il s’agit d’une interprétation contemporaine du problème cartésien du «démon maléfique». La théorie mène à la même conclusion : nous ne pouvons pas confirmer l'existence réelle de quoi que ce soit, sauf celle de notre conscience. Si cela fait penser au film «La Matrice», c'est seulement parce que cette idée était à la base du scénario. Malheureusement, dans notre réalité, nous n'avons pas de pilules rouges…

8. Les multi-univers

Quiconque n'a pas passé les dix dernières années sur une île déserte, a au moins une fois entendu parler des «multi-univers» ou univers parallèles. Comme plusieurs l’ont vu, en théorie, les mondes parallèles sont des mondes très semblables au nôtre, avec peu de différences (ou, dans certains cas, plusieurs). La théorie des multi-univers spécule qu'il pourrait exister un nombre infini d’autres réalités.

De quoi s’agit-il? Dans une réalité parallèle vous avez déjà tué des dinosaures, et vous êtes enterré huit pieds sous terre (parce que c'est ce qui s'est passé.) Dans une autre réalité, vous avez peut-être été un puissant dictateur. Dans une autre, vous n’êtes pas né parce que vos parents ne se sont pas encore rencontrés. 

9. Réalisme fictif

C'est la plus fascinante branche de la théorie des multi-univers. Superman est réel. Oui, certains d'entre vous choisiraient probablement une histoire différente; par exemple Harry Potter pourrait aussi être réel. Cette partie de la théorie soutient qu'étant donné le nombre infini d'univers, tout doit exister quelque part. Ainsi, toutes nos fictions et nos fantaisies préférées décrivent peut-être un univers alternatif où toutes les bonnes pièces se mettraient en place pour les réaliser.

10. Phénoménalisme

Tout le monde est curieux de savoir ce qui arrive aux choses quand on ne les regarde pas. Les scientifiques ont étudié attentivement cette question, et certains d'entre eux ont simplement conclu qu’elles disparaissent. Eh bien, pas tout à fait. Les philosophes phénoménalistes croient que les objets existent uniquement comme un phénomène de conscience. Donc, votre ordinateur portable est là seulement tant que vous en êtes conscient, que vous croyez à son existence, mais quand vous lui tournez le dos, il cesse d'exister jusqu'à ce que vous ou quelqu'un d'autre interagisse avec lui. Rien n’existe sans perception. Voilà la base du phénoménalisme.

Source : http://www.learning-mind.com/
Via : http://themindunleashed.org/

Deux sites réellement intéressants…