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24 octobre 2014

Jacques Languirand (émission CONTACT)


Une mise à jour s’impose, 30 avril 2016 :

Après le procès de Claude Jutra, accusé de pédophilie, c’est au tour de Jacques Languirand de se retrouver au rang des agresseurs sexuels, pour avoir commis l'inceste.

J'avoue que la nouvelle m'a renversée.

En résumé, Mme Line Beaumier accuse la conjointe de Jacques Languirand, Nicole Dumais, d’avoir éliminé de la biographie Le cinquième chemin (Éditions de l'Homme 2014) les confidences de Martine Languirand (maintenant décédée) concernant les rapports incestueux de son père. Or il semble que Languirand avait autorisé la publication de ces informations sensibles. Par ailleurs, il aurait demandé pardon à sa fille. 
     Sur sa page web, Line Beaumier se pose la question suivante, et je cite :
«Jusqu’à quand des personnes d’influences et publiques seront préservées de par leur statut? Après Jutra, Aubut, Cloutier, Jacques Languirand? Qu’elles seront les excuses pour ce dernier : histoire de famille, maladie, la victime est décédée?»

Parmi les citations ci-après, Languirand dit : 
«Et ce que je trouve le plus difficile à vivre, dans le souvenir même, si vous voulez, c’est d’avoir, dans telle circonstance, blessé quelqu’un, d’avoir eu une conduite qui n’était pas irréprochable dans telle situation, etc. Un examen, comme on disait autrefois, un examen de conscience qui s’impose de lui-même et qui est nécessaire, je pense. ... C’est très difficile de penser qu’on va refaire le monde si on ne commence pas par se refaire soi-même.»

On en comprend le sens profond...

Même si l’inceste et la pédophilie me répugnent au plus haut degré, je ne retirerai mes propos élogieux sur le travail de Languirand, ni le paragraphe où il est question de Jutra, dans l'article "En perte de repères" publié dans L'art est dans tout en octobre 2014. 

Reste à savoir s’il est possible de dissocier une oeuvre de son auteur – qu’il s’agisse d’écrivains, de cinéastes, de musiciens ou autres. Si nous savions tout ce qui se passe (ou s’est passé) dans leur vie privée, nous n’oserions plus citer personne, par autocensure.

Méchant dillemme cornélien (choix impossible entre deux valeurs tout aussi importantes).
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En 2006, Stephan Bureau a présenté à Télé-Québec une série d’entretiens à caractère intimiste avec des personnalités exceptionnelles : 

       «La série documentaire CONTACT, l’encyclopédie de la création propose un rendez-vous télévisuel unique avec de grands penseurs et créateurs de notre temps. C’est une encyclopédie vivante, une fenêtre sur la création au sens large, qu’elle soit littéraire, scientifique, sociale ou artistique. (...) 
       CONTACT, c’est aussi un site de référence où vous pouvez consulter une foule de contenus sur nos invités.» (...)
Stephan Bureau, animateur et producteur http://www.contacttv.net/s_index.php

Citations extraites du site.

À propos de la création

«Intéresser, ce n’est pas tout, intéresser, c’est peut-être aussi éclairer, c’est peut-être aussi enseigner, informer. Et je le fais d’autant plus volontiers que ça ne part pas exclusivement de moi, que je ne suis que le support de ça, je suis le canal qui permet de véhiculer cette pensée-là, par exemple. Et c’est là que se fait mon travail, c’est là que je suis le plus à l’aise, c’est de dire : “Ce livre-là peut rendre de très grands services”. Ça existe déjà, ça se fait déjà, mais je voudrais contribuer à ce qu’il puisse servir davantage, je vais donc en parler et tirer de cet ouvrage-là de quoi aider les gens qui vont entendre les propos, même ceux qui n’auront pas lu le livre ou qui ne le liront pas dans le futur.»

«[...] je suis encore ouvert à m’engager dans quelque chose qui serait périlleux et qui nécessiterait peut-être de faire appel à toute mon expérience pour aider, soutenir des gens qui seraient engagés dans quelque chose et qui pourraient profiter de l’expérience dans le temps, aussi. Parce que jusqu’à 76 ans, j’ai réussi à faire des choses quand même, puis à comprendre les choses et à connaître des choses qui sont susceptibles d’aider d’autres aussi, également.»

À propos de la vie et de la mort

«Vous n’avez aucune idée comme c’est extrêmement curieux de, tout à coup, découvrir qu’on peut avoir 76 ans, comme c’est étonnant. Bon, 70 ans, ça va bien, mais c’est le passage de 75 qui est le passage le plus important, qui marque le plus l’entrée dans le vieillissement.»

«Une vie réussie, c’est beaucoup en fonction des autres, je veux dire, c’est d’avoir été utile - et je reviens encore aux formules “utile et agréable”, si vous voulez – mais je pense que ça, c’est très important pour moi.»

«[Ma vie] n’est pas réussie dans le sens où je n’ai pas atteint les objectifs que j’ai eus à certaines époques, mais les objectifs étant transformés, ayant évolué, je suis tout à fait satisfait de la vie que je mène et que j’ai menée jusqu’ici.»

«Moi, j’aime bien vieillir, j’aime bien être vieux, aussi. J’aime bien ça. Oui, puis je m’accepte comme tel et puis j’essaie de répondre aux attentes aussi. Qu’est-ce qu’on attend d’un vieux? Par exemple, de payer les études des jeunes! [Rires] Ce que je fais, d’ailleurs. De communiquer un peu de son expérience, dans la mesure où on peut communiquer l’expérience qui, par définition, est incommunicable.»

«[...] une vie, c’est toujours inachevé, je ne pense pas qu’on achève sa vie, qu’on dit : “Maintenant, c’est...”. On le dit, bon, mais il y a toujours quelque chose qui reste [...]. Enfin, chez moi, c’est un peu comme ça, il y a quelque chose d’inachevé dans ma démarche, dans mon cheminement. Alors, c’est pourquoi c’est difficile de répondre à ce que c’est la vie accomplie, à ce que la vie est réussie.»

À propos du sacré

«[...] j’ai beaucoup parlé, à l’occasion, de spiritualité, j’ai fait des conférences sur des sujets comme ça, etc., puis en même temps, je sentais que j’étais peut-être en porte-à-faux par rapport à ce que je disais, parce qu’au fond, je parlais de l’importance – je parle encore de ça – de développer une certaine forme de spiritualité. [...] Mais à ce moment-là, quand tu enseignes ça ou que tu communiques ça, il faudrait pratiquement, pour que tu sois entendu correctement, ou que tu ne sois pas pris pour un menteur, il faudrait absolument que tu sois impeccable dans ta vie personnelle. Et c’est difficile d’être impeccable dans la vie personnelle, à certains moments, et puis pourtant, on continue. Il y a un déchirement, là.»

«[...] je m’intéresse à la spiritualité, mais il est inutile de dire que je ne suis pas un homme de religion.»

«[Bouddha], c’est un personnage très important. Il est un symbole, non pas de religion, j’insiste, mais de spiritualité, d’attitude à avoir dans la vie, de la recherche d’une... d’un certain équilibre, d’une certaine joie de vivre, etc.»

«Moi, je ne peux pas vivre sans le sentiment que j’ai que la dimension spirituelle existe, puis là, je ne fais pas de sermons, là, je dis simplement : “je regarde ici, je regarde la nature, je regarde les plantes, je regarde les gens en général” et je trouve qu’il y a un sens profond quelque part dans tout ça, et je ne peux pas le circonscrire suffisamment pour en faire la démonstration. Il y a quelque chose qui nous échappe. Alors, j’accepte également cet aspect-là de la question, c’est-à-dire de ne pas comprendre quelque chose dans ça. Et je ne peux pas imaginer la vie sans cette dimension spirituelle, c’est étonnant, hein, c’est curieux à dire. C’est comme ça.»

À propos de l’identité

«Le problème n’est pas si simple que ça, parce qu’on devient un peu ce que les gens perçoivent chez soi – chez nous, pardon – chez l’individu en question. Je vais réexpliquer ça, parce que ça me paraît important. Les autres me disent que je suis un sage, alors, je me sens un peu obligé de l’être, d’une certaine façon. Et c’est à ce moment-là que j’interviens et que, tout à coup, je change le ton, je dis des choses farfelues, je me présente immédiatement sous un jour différent pour sortir de ce carcan-là. Et ça, je pense que je l’ai assez bien réussi parce que j’ai été sincère là-dedans.»

«Parce que je vais vous dire que c’est très difficile de penser qu’on va refaire le monde si on ne commence pas par se refaire soi-même.»

À propos de la société

«Il y a une question de recherche... même dans la plus grande solitude, il y a la recherche de l’autre, toujours. “Qu’est-ce que je fais qui rend service à l’autre? Me regarde-t-il comme quelqu’un à qui il devrait quelque chose peut-être ou plutôt comme quelqu’un qui le juge sévèrement, etc.” Je pense que ça, c’est très important. La qualité de la relation aux autres est absolument capitale, d’après moi.»

«Le monde est merveilleux. Le seul vrai problème dans le monde, [ce sont] les humains! Vous comprenez ? [Rires].»

«Parce que si je crois, par exemple, que la nature, comme disait Spinoza, que la nature est Dieu, en somme, je me dis qu’on va finir... ça va finir par se transformer. Mais je ne crois pas que notre type de société, de civilisation va durer très longtemps. Je pense que nous sommes promis à une forme d’extinction, même je dirais, quant à moi, qui va permettre à autre chose d’apparaître.»

«Pour l’instant, je dois dire que la catastrophe dans laquelle on se trouve actuellement est telle qu’on ne peut s’en sortir qu’avec quelque chose de très inattendu. Or, peut-être justement une nouvelle façon d’être, une nouvelle façon de faire et de comprendre aussi. Que le sens nous apparaisse d’une façon différente.»

«Je reprends votre phrase parce qu’elle est juste. D’après moi, on peut, par notre conscience, contribuer à un éveil. Oui, je crois ça. Je crois ça.»

«[...] j’ai très peur que la folie des hommes l’emporte à une étape – quitte qu’après d’autres choses arrivent –, mais qu’à une étape, la folie des hommes l’emporte. Je trouve maladif le fonctionnement, par exemple, du capitaliste actuel, du néocapitaliste actuel, je trouve ça catastrophique, je trouve ça littéralement criminel. Les gens volent, trichent, trompent [...]. Est-ce que ça n’a pas toujours été comme ça à une échelle moindre? Ah! Actuellement... actuellement, le monde est malade, actuellement!»

«Mais je pense qu’il faut passer par les individus et être prudents à l’égard des groupes et des rassemblements.»

«Actuellement, les gens qui sont les maîtres du système sont tellement occupés du système ou par le système qu’ils n’ont pas le temps de réfléchir à ce qu’ils font. C’est ce que je crois.»

«L’égocentrisme est payant, autrement dit. Mais c’est qu’il n’y a plus, pratiquement, d’autres valeurs que l’argent et le pouvoir, au fond, vous comprenez, c’est ça le drame. Parler de valeurs spirituelles [...] j’ai l’impression [d’être ringard], vous comprenez? [Rires].»

À propos de l’échec

«Et ce que je trouve le plus difficile à vivre, dans le souvenir même, si vous voulez, c’est d’avoir, dans telle circonstance, blessé quelqu’un, d’avoir eu une conduite qui n’était pas irréprochable dans telle situation, etc. Un examen, comme on disait autrefois, un examen de conscience qui s’impose de lui-même et qui est nécessaire, je pense.»

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