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30 janvier 2018

Qu’est-ce que je fais de mes vies?

Bonne question...  

Si l’hypothèse de la réincarnation est une chimère, nous disposons quand même de plusieurs vies à l’intérieur de l'actuelle.


Et, il y en a qui ne chôment pas, tel le brillant, drôle et chaleureux Philippe Desrosiers dont la dernière série documentaire sur les rites de passage s’intitule 
La vie en quatre temps :
   Dans une vie, et ce, partout autour du monde, nous traversons essentiellement les mêmes étapes clés : la naissance, le passage à l’âge adulte, l’union amoureuse et la mort. Ceci dit, ces étapes sont célébrées de manière bien différente d’une culture à l’autre. Ce sont à ces particularités que la série s’intéresse. 
   À travers dix cultures dans dix pays différents, les rituels de passage se distinguent par leur unicité et leur importance dans la communauté. Au fil de la série, on plonge dans un baby shower à l’américaine, une Rumspringa amish, des fiançailles tibétaines et un enterrement festif en Nouvelle-Orléans.

Sur TV5 depuis le 9 janvier https://tv5.ca/la-vie-en-quatre-temps

Philippe Desrosiers, animateur, réalisateur et professeur au collège Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse. Photo : Radio-Canada/Mathieu Arsenault

Philippe Desrosiers a voyagé partout à travers le monde et réalisé plusieurs documentaires, notamment Sexe autour du monde (récipiendaire de deux prix Gémeaux), Voyages au bout de la nuit et Corps et monde. Grand vainqueur de la Course destination monde en 1995-1996, il fut ensuite chroniqueur, journaliste, animateur et réalisateur à la radio et à la télévision, tout en continuant d’enseigner la psychologie. «Mon premier métier, c'est l'enseignement. C'est beaucoup moins glamour que mes autres occupations, mais c'est une profession que j'exerce depuis 29 ans, elle fait partie de mon identité. J'éprouve un attachement profond à l'endroit des élèves. C'est indicible, le lien qu'on peut créer avec eux. Travailler dans une classe, ça garde les pieds sur terre.»  
   [J'étais surprise et déçue que Radio-Canada le remplace par madame Pot-de-miel à l'émission Les éclaireurs, qu'il animait avec brio et que j'écoutais avec grand plaisir (2014/2015). Les voies du "seigneur" de la programmation sont impénétrables, et je suppose que l'appauvrissement de la pensée suit l'appauvrissement des finances. Depuis deux ans, je fais grimper les cotes d'écoute de Daybreak, The Current et Homerun sur Radio One CBC parce que la gravelle matinale et le 275-Ado de fin d'après-midi, euh... incapable de m'y adapter.]

Pour revenir à La vie en quatre temps – des accouchements aux Philippines, à la célébration des naissances au Maroc, au double-baptême (rituel catholique et rituel ‘Santería’) à Cuba – il est fascinant de voir comme les vieilles croyances socioculturelles, religieuses ou spirituelles et les superstitions tiennent bon et ont encore beaucoup de pouvoir dans certaines populations. Les gens veulent mettre Dieu ou les dieux de leur bord (l’accès au paradis, ça peut se négocier non?), amadouer les forces de la nature, conjurer le mauvais sort ou attirer la chance, à l’aide de rituels parfois rebutants sinon cruels. Les superstitions se transmettent d’une génération à l’autre, la peur justifiant la soumission inconditionnelle et irrationnelle à presque n’importe quoi. Les remises en question semblent inexistantes. Au nom de la préservation des traditions, on perpétue des comportements qui n’on plus leur place en 2018.

«Penser est un travail exigeant, c’est pourquoi on voit peu de gens qui le font.» 
~ Sue Grafton, écrivaine

«Il est des heures dans l'histoire où celui qui ose dire que 2 et 2 font 4 est puni de mort.» ~ Albert Camus (La Peste, 1947)

Moins de religions, plus d’éducation et de science : plus de liberté!   

«Parfois, la vérité doit être mise à l’envers pour être vue à l’endroit. Il n’y a ni fossé ni champ de mines dans le monde de la réflexion. Les tyrans et les dictateurs le savent bien. Ils redoutent la liberté que représente la faculté de penser chez leurs concitoyens.
   Est-ce un rêve outrancier que d’imaginer une civilisation à l’échelle mondiale qui ne soit pas fondée sur l’oppression? Outrancier ou non, c’est un rêve nécessaire. Il est clair que la prochaine génération ne sera sans doute pas beaucoup plus avancée que la nôtre. Mais il est possible que ceux qui viendront plus tard soient moins stupides que nous. » ~ Henning Mankell (Sable mouvant; Éditions du Seuil, 2015)
Article intégral : La tyrannie confessionnelle

«C’est de ta peur dont j’ai peur.» ~ William Shakespeare
«Quand l’homme a peur, il tue.» (Auteur inconnu)

Sites d’intérêt (laïcisme/athéisme) :

L’observatoire de l’athéophobie 

Association humaniste du Québec; La voix des humanistes athées et agnostiques

Athéisme – L’Homme debout

The Thinking Atheist

«La mort. Cela ne s'apprend pas. On ne peut apprendre que ce qu'on peut répéter. La mort est un fait unique et un fait brut. À partir du moment où on ne croit pas à un au-delà ou à une réincarnation, il ne reste plus qu'à accepter le néant.»
~ Jean-François [Ricard] Revel; 1924-2006

L'essence de la réincarnation selon le poète soufi Rûmî * :

Je suis mort de la mort du minéral et je devins une plante.  
Je suis mort de la mort de la plante et je réapparus sous la forme d'un animal.
Je suis mort de la mort de l'animal et je devins un homme.  
Pourquoi aurais-je donc peur?
Serais-je devenu moindre en mourant?
La prochaine fois, je mourrai de la mort de l'homme.  
Que je puisse alors me faire pousser les ailes des anges.
Il me faudra aussi aller plus loin que l'ange.
Toutes choses périront sauf son visage.  
Encore une fois, je m'élèverai au-dessus de l'ange.  
Je deviendrai ce qui dépasse toute imagination.   
Alors que je ne sois plus que néant, néant,  
car la corde de la harpe crie en dedans de moi,  
en vérité nous retournons vers lui.  

* Djalāl ad-Dīn Muḥammad Balkhi ou Rûmî (1207-1273) est un poète mystique persan qui a profondément influencé le soufisme. Son nom est intimement lié à l'ordre des «derviches tourneurs» ou mevlevis, une des principales confréries soufies, qu'il fonda dans la ville de Konya. Il écrivait tous ses poèmes en persan (farsi).