Tout ce que vous perdez vous donne un peu plus d’espace pour de nouvelles choses.
(Ashleigh Brilliant)
La troisième partie est nettement plus courte parce que la recette du bien-être est très simple – trop simple pour qu’on y croit. La voici quand même : virez votre patron (l’ego) dans le cosmos, et démarrez une coentreprise avec l’Esprit ou n’importe quoi d’autre de plus évolué!
En fait, cette seule phrase résume les quelque 53 000 mots de cet ouvrage!
Je concède que les deux premières parties sont plutôt déprimantes. Devenir soudain plus lucide déstabilise, et la première chose qu’on veut, c’est se procurer du Prozac/Paxil. Par contre, passer au travers de l’épreuve nous affranchit graduellement de l’esclavage robotique. Une nouvelle vision de la VIE émerge, et la dépression causée par la désillusion débouche sur un mieux-être intérieur enluminé de vraie joie.
On appelle bonheur un concours de circonstances qui permettent la joie. Mais on appelle joie cet état d’âme qui n’a besoin de rien pour mieux se sentir.
(André Gide)
Gide avait tout compris! Quels que soient les obstacles de la vie quotidienne, cette joie profonde ne dépend, en effet, d’aucune chose extérieure. On ne devient pas indifférent pour autant, ni privé d’enthousiasme, d’espoir ou de spontanéité. On n’est tout simplement plus le jouet du rollercoaster émotionnel et des paires d’opposés; voilà ce qui supporte la tranquillité d’esprit et la joie.
Nous ne pouvons pas modifier les paradigmes généraux de l’école planétaire, mais changer les nôtres peut nous rendre la vie plus acceptable. Plusieurs estiment que vivre sans réactions émotives extrêmes, c’est comme être mort. On peut supposer que le jour où ils en auront assez, ils chercheront la paix intérieure – personne ne change avant d’être prêt, pas une seule seconde avant.
La quête des rapports amicaux et amoureux et de l’illusoire âme sœur nous évite-t-elle de nous sentir seuls? Nullement. Les situations heureuses ou conflictuelles de la vie quotidienne sont tout à fait accessoires. Ces schémas incluent parfois des leçons extrêmement déchirantes prétendument destinées à nous apprendre la compassion et le détachement. Les partenaires amoureux et les membres de la famille nous font avaler la ciguë. Nous concevons des intrigues amoureuses basées sur une conception de l’amour qui n’est rien d’autre que de l’attachement émotionnel/sexuel, je me permets de le répéter. Les séquelles post-traumatiques de ces schémas sont néanmoins dévastatrices.
Lorsque nous comprenons le but de nos relations, sur le plan spirituel, nous pouvons nous libérer de cette obsession que les gens nous doivent quelque chose et que nous leur devons quelque chose, tel que précisé au chapitre «Les contrats». Nous ne sommes pas obligés de rester indissolublement unis dans des relations destructrices ou cul-de-sac du genre «ni avec toi, ni sans toi». La profondeur avec laquelle nous pouvons nous relier aux autres est proportionnelle à notre propre sentiment de complétude et n’a rien à voir avec la génitalité; il s’agit de connexions de cœur à cœur et d’âme à âme.
Et puis, dès l’instant où nous réalisons et acceptons avoir assumé des rôles d’agresseurs, de victimes et de sauveurs, il devient difficile de critiquer et de condamner les autres, même si nous trouvons leurs comportements déplorables.
Pour changer nos paradigmes relationnels, il est nécessaire de quitter les ornières de l’attaque et de la défense, c’est-à-dire, les règlements de compte du genre tu me cherches, tu vas me trouver! Voilà un bon moyen de liquider nos cocréations, contrats et conventions karmiques fondés sur la culpabilité et la vengeance.
La compréhension, l’acceptation et le détachement sont les ingrédients de base de la compassion. Seule la compassion peut modifier notre vision du monde. Pour éviter d’entrer en guerre il faut cultiver la vigilance et la paix intérieure d’instant en instant. La compassion et l’amour inconditionnel peuvent s’apprendre.
Lorsqu’on choisit de privilégier la compassion, l’on fout à la porte tout ce qui s’appelle batailles d’ego. On n’attend plus rien des autres, mais, ce qu’ils nous donnent est apprécié et accueilli avec gratitude. Nous suggérons au lieu d’imposer ou bien nous laissons carrément aller les choses. La créativité l’emporte sur la rationalité infructueuse. Le job, la compétition, le statut social, les honneurs, les récompenses, les gratifications, les diplômes, les succès relationnels, matériels ou spirituels importent peu ou pas du tout. On ne s’identifie plus au corps physique. On ne cherche plus à défendre des causes (si nobles soient-elles), à prouver quoi que ce soit ni à manipuler quiconque, mais cela n’empêche pas pour autant le questionnement. On est prêt à s’abandonner à un pouvoir et à une sagesse provenant de «plus grand que le petit moi». On voit de par les «yeux» du Soi authentique et les réponses ne viennent ni de l’intellect ni d’une compassion aveugle (par identification ou projection). Dans l’ensemble, l’on ne se prend plus au sérieux. Comment entrer en conflit si nous ne nous prenons pas au sérieux, pas plus que notre vis-à-vis? Le karma négatif s’arrête ici, maintenant!
Le passage des productions de l’ego aux créations du Soi peut se faire en un nombre de vies indéterminé. La phase de développement égotiste sert à explorer toutes les catégories de pouvoirs possibles. Le pouvoir crée l’illusion de l’abondance, de l’accomplissement, du combat, de la domination, de la manipulation et les jeux de rôles d’agresseur, de victime et de sauveur. À un certain moment, le pouvoir et le contrôle n’offrent plus aucun intérêt parce qu’on se rend bien compte qu’ils ne nous procurent jamais la sécurité tant recherchée.
«L’ego est la seule cause de tous les ennuis. Que l’homme remonte jusqu’à sa source et il débouchera sur un niveau de conscience, heureux et non différencié, qui est le «sommeil sans sommeil». Le Soi reste le même, toujours, donc maintenant et ici. C’est parce que des limites ont été acceptées qu’il devient nécessaire de les dépasser.» (Râmana Mahârshi)
On sait que le jeu tire à sa fin, quand on commence à trouver les plans de l’ego vraiment rabat-joie; quand on se met à détecter ses patterns stupides et qu’on choisit de lâcher prise avant d’embarquer dedans. L’amour et la liberté prennent alors graduellement le dessus. On souhaite se libérer définitivement des chaînes de la matière, et si possible, inspirer les autres à en faire autant.
Notre «fin du monde» individuelle se joue quotidiennement. Elle nous force à questionner nos valeurs, à tester la validité de notre libre arbitre et à choisir la voie du détachement, du pardon, de la compassion, de la lumière et de la liberté. Car tout ce qui semble extérieur à nous n’est que le reflet de notre conscience personnelle – le monde extérieur est une projection de notre cinéma maison (évitons les woofers!). Toutes nos croyances individuelles et collectives se jouent sous notre nez :
Tout revient à nous de ce que nous avons fait, dit, pensé à l’endroit des hommes et des choses, sous forme de flèches ou de reptiles, de roses ou de diamants.
Les actes des autres sont des miroirs qui reflètent nos propres actes.
Les paroles des autres sont des échos de notre voix.
Les pensées des autres sont des ricochets de notre pensée.
Et tous les projectiles que nous jetons nous sont fidèlement renvoyés.
Qu’ai-je besoin d’un bouclier pour amortir des sourires, d’une cuirasse pour émousser les caresses, d’un glaive pour combattre l’Amour?
Dans la mêlée du genre humain, je veux lutter à découvert et recevoir en pleine poitrine les dons, les abnégations, les sacrifices que, des deux mains, j’ai lancés.
(Georges Barbarin, Vivre avec le divin)
En effet, le boomerang nous rattrape toujours. Voilà sans doute ce qui fait dire à Mike Dooly (Totally Unique Thoughts) : «Vos pensées deviennent des ’choses’, choisissez les bonnes!»
Le nouvel âge a largement répandu le positivisme à tous crins; ce qui en soi était une excellente chose. Mais, nous avons naïvement cru qu’à force de répéter des affirmations positives et des mantras, qu’à force de dénier nos émotions négatives et de suivre toutes sortes de thérapies, nous pourrions changer pour de bon. Malheureusement, durant ma pratique en médecine alternative, je n’ai pas été témoin de miracles pour ainsi dire définitifs; il s’agissait plutôt d’un éveil ou d’une prise de conscience pouvant potentiellement mener à une guérison partielle ou complète.
La vie émotionnelle ressemble au balancier d’une horloge oscillant d’un côté à l’autre. Il est tout à fait normal dans un monde dualiste d’éprouver à la fois des émotions négatives et positives; les vrais problèmes commencent lorsque l’ego tente de les nier, de les esquiver ou de les fixer.
Pour recycler le contenu de notre marais psychique, nous avons besoin d’accéder à «plus grand que soi». À ma connaissance, c’est le meilleur moyen d’effectuer des revirements de conscience de plus ou moins longue durée. Les changements durables ne sont pas garantis car nous donnons beaucoup de pouvoir à l’ego. Ce dernier, exclusivement centré sur le karma, fait la plupart de ses choix en opposition directe au Soi authentique, et le renversement de cette particularité ne se fait pas en deux ou trois séances de thérapie ou de méditation.
À chaque instant, nous sommes confrontés à dire oui au Soi authentique (l’amour/sagesse) et non à l’ego (la peur et ses dérivés)*.
Au banquet de l’ego, personne ne quitte rassasié.
(Graffiti)
En dernière analyse, il n’est pas défendu d’opter pour la consolidation de dettes ou la faillite personnelle. La Banque Universelle Cosmique est plus flexible que la Banque Mondiale Terrestre. Pour annuler les débits karmiques, l’on doit cesser de se présenter au guichet automatique à tout moment, c’est-à-dire, de répondre à toutes les attractions ou désirs qui se présentent.
Les trois prochains chapitres portent sur la diète karmaburners(1) :
• l’humour et le détachement
• l’hygiène énergétique
• l’amour et la compassion
L’être éveillé sait qu’il héberge à la fois le crétin et le sage de ses vies antérieures et choisit de donner du pouvoir au second :
Deux loups
Un soir, un vieux Cherokee dit à son petit-fils à propos de la bataille intérieure que vivent les gens :
«Mon fils, il y a deux loups qui se battent en nous tous.
L’un est mauvais : c’est la colère, l’envie, la jalousie, la tristesse, le regret, l’avarice, l’arrogance, l’apitoiement, la culpabilité, le ressentiment, l’infériorité, le mensonge, la vanité, la supériorité et l’ego.
L’autre est bon : c’est la joie, la paix, l’amour, l’espoir, la sérénité, l’humilité, la bonté, la bienveillance, l’empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi.»
Le petit-fils réfléchit quelques instants et demanda au grand-père :
«Lequel des deux loups gagne?»
Le vieux Cherokee répliqua simplement :
«Celui que tu nourris.»
(Ce texte, attribué à un sage amérindien, a beaucoup circulé sur Internet, à raison)
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(1) Karmaburners : analogie aux fatburners (aliments brûleurs de graisse).
je viens de tomber sur votre blog et je me lasse pas en lisant vos articles. C'est très instructif et ça permet d'avoir un regard plus sensé sur l'existence. Merci.
RépondreEffacerBonjour,
EffacerMerci de votre commentaire.
J'entendais un scientifique hier dire que le cerveau humain était construit intrinsèquement pour trouver des explications à tout. Ce serait la raison pour laquelle il existe tant de religions, de sectes, de superstitions, d'écoles de pensée spiritualistes, de concepts dénués de réalisme et aucunement appuyés par des preuves scientifiques.
Possible. Mais je ne vois pas pourquoi on s'empêcherait d'investiguer des alternatives non scientifiques. :-)
Bonne journée,
Boudabla