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17 novembre 2010

Clin d'oeil - Qui vivra, verra…

Qui vivra, verra…

Note : Nettie et Webby viennent d’un système d’évolution différent (planète ou système stellaire) et consultent les archives passées, présentes et futures de la terre. Nettie s’est incarnée à deux reprises sur terre et a eu énormément de difficulté à s’en remettre.

- Dis donc, je suis censé faire une compilation sur certains comportements terriens, tu m’accompagnes à l’Archivorama? demanda Webby. 
- Oh oui! Je trouve ça fascinant de les observer … à distance! 

Nettie et Webby se concentrèrent en parfait synchronisme et en une fraction de seconde l’écran géant de l’Archivorama fut devant eux.

- Quelle époque veux-tu consulter? demanda Nettie avec enthousiasme.
- Je vais commencer par une rétrospective de 1980 à 2015.
- Ouf, c’était assez moche. Je le sais parce que j’y étais. En tous cas, impossible d’oublier les deux fois où je m’y suis incarnée. Je pensais que je pouvais aider. Peut-on se faire des illusions…

Webby débuta la projection et immobilisa le temps à 1987.
- Plusieurs ont quand même commencé à se remettre en question dans ces années-là, non? Certains sont devenus végétariens, ont commencé à méditer et à comprendre le phénomène de la réincarnation.
- Oui, mais c’était une goutte d’eau dans l’océan! Continue jusqu’à 2000, tu vas voir, la plupart ont régressé ensuite. Et puis, ça fait combien de temps que ces âmes-là sont coincées sur terre, toujours en train de reproduire les mêmes jeux? Tu crois qu’ils vont finir par se lasser?

Les images se succédèrent jusqu’en 2000.
- T’es sans pitié, Nettie, regarde, ils se responsabilisent. Ils assument leur rôle de créateurs en manufacturant plein d’objets qui deviennent leurs compagnons fidèles. Beaucoup d’humains considèrent leur vélo, leur automobile, leur ordinateur, leur télé et leur téléphone mobile comme leurs meilleurs amis.
- Arrête de te moquer, c’pas drôle. Tu ne peux pas savoir, tu n’y as jamais mis les pieds. Je n’en revenais pas de les voir avec leurs 30 000 sortes de bières et de cigarettes, leurs multiples écrans de cinéma maison et voitures, sans compter les tonnes de gadgets qu’ils jetaient aux ordures. La terre était un vrai dépotoir. Sans parler du vacarme qu’ils font. On se sent agressé par une constante pollution sonore et visuelle, t’as pas idée! J’aurais aimé que les avions, les camions, les voitures, les motoneiges, les woofers et les télévisions disparaissent.
     Étant donné qu’ils mangent, ça leur prend des ustensiles, des couverts, des armoires pour mettre leur vaisselle, une maison pour protéger leurs armoires et des armes pour protéger leurs maisons. Quelle civilisation!

- Ce que je trouve triste, moi, dit Webby, c’est qu’ils se croient obligés de manger leurs compagnons de voyage ou de les porter sur leur dos, comme au temps où ils vivaient dans des cavernes. Quand je les regarde, je trouve ça tellement barbare. Que veux-tu… Ce n’est pas parce que nous n’avons pas essayé, mais ils sont convaincus d’être les seules créatures intelligentes de leur petit univers… pathétique.
- Ils ne se rendent pas compte. L’inconscience est le virus le plus répandu sur terre. C’est pour ça qu’ils se sont laissés manipulés génétiquement, qu’on leur a inséré des codes bars dans la nuque et qu’on en a fait des esclaves, une fois de plus.

Webby scanna quelques humains.

- Oh-oh, la cacophonie de ces petit moi antagonistes! Tiens, celui-là vient de penser : «Je veux que mon patron soit viré.» Et celle-là : «Si seulement Unetelle pouvait quitter son mari ou si seulement elle pouvait mourir…» Et puis cet autre : «Si j’étais pas dans le métro, je la violerais, elle est vraiment sexée.» Une chance que leurs pensées ne se réalisent pas instantanément, ils ont quand même le temps de se raviser si jamais l’idée leur passe par la tête.
- J’avais beau cultiver la neutralité, j’avoue qu’au chapitre de la sexualité, j’en ai vu de toutes les couleurs, dit Nettie. Des obsédés, tu dis? J’aurais préféré ne pas être clairvoyante. Il faut dire que les créateurs de la planète ont de gros problèmes avec la sexualité, alors pas étonnant que ces pauvres créatures en pâtissent. Quelle vie! Et puis, toutes ces tueries pour défendre leurs croyances, c’était déprimant.
- Tiens, regarde donc, y en a un qui prie son «Dieu» de l’aider à éliminer tous ceux qui ne pensent pas comme lui. Chic! Et puis, t’as celui-là qui croit que son Dieu va le protéger parce qu’il appartient à l’unique religion authentique. N’est-ce pas dans cette religion-là qu’ils mangent leur dieu dans une rondelle de pâte pour être sauvés? Remarque, c’est quand même mieux que les sacrifices d’humains ou d’agneaux destinés à apaiser le courroux d’Incali, d’Allah ou de Yahvé. En tous cas, je ne voudrais pas être l’un de ces instructeurs qu’ils ont déifiés et dont ils pompent l’énergie à pleine capacité. Ils se cherchent encore des sauveurs parce qu’ils refusent la responsabilité et les conséquences de leurs créations.
- Laisse tomber, Webby, la religion, c’est l’enfer.

Webby survola rapidement jusqu’à 2015.

- Regarde-moi ça, dit-il. Il n’y a plus grand monde. Tu sais quoi? Je suis très content que les animaux aient disparu. Ils ne voulaient plus se laisser massacrer par les hommes. Ils sont passés à autre chose.  Dans le fond, ils ont compris plus vite que les humains que la terre n’était pas un endroit où il fait bon vivre.
- Je me souviens qu’un instructeur, avant notre départ pour la terre, nous avait dit qu’il était probable que les animaux empoisonneraient l’humanité avant de disparaître complètement. Je suppose que c’est juste retour d’ascenseur. Il s’en est fallu de peu pour que les Terriens ne retombent dans le cannibalisme entre humains. Quand un homme veut son steak…
     Ce que j’ai trouvé de plus affreux pendant mon dernier séjour, c’est que tout ce qu’il y avait de plus beau sur terre avait été détruit au centimètre carré ou avait disparu de soi. Il ne restait que de l’asphalte, du béton, du métal, des résidus de plastique et des plateformes pétrolières à sec.

Webby décida de passer à 2050.

- Ma foi, on dirait que quelques-uns ont réussi à modifier leur futur, dit Webby. Regarde.
- Ha oui? dit Nettie, abandonnant ses mauvais souvenirs.

Webby se concentra sur quelques groupes d’âmes humaines qui vivaient sur une sorte de terre parallèle dont la vibration était beaucoup moins dense.
- Ça ressemble au 7e plan de leur Club Med astral où ils vont parfois entre leurs vies physiques, tu ne trouves pas? Tiens, ils ont encore des animaux, mais ils ne les mangent plus. Ils semblent être habités par une compassion, un respect, vis-à-vis des êtres. Il y a des paysages ravissants. Tiens, plus besoin de maisons pour se protéger des prédateurs – il n’y en a plus; et si quelqu’un a parfois besoin de solitude, il se retire dans sa bulle.
     Ils ont l’air très créatifs, et puis, leurs corps sont très différents. Plus de parents biologiques. Chacun choisit l’apparence et l’âge qu’il désire. Les grosses émotions de bas étage sont bannies, l’harmonie vibratoire est de rigueur, alors ne peut pas pénétrer ce monde qui veut...
- En effet, ils ont l’air de vivre en paix, remarqua Nettie. C’est étrange, on dirait que certains parmi eux sont inconscients qu’une transition, un changement de territoire spatial, s’est produit. Il faut dire qu’il y avait quand même des âmes bienveillantes sur cette planète. Elles se sont sans doute retrouvées là par affinité vibratoire. Tiens, ils créent avec la lumière. Bravo! Je suis heureuse de constater que certains ont compris qu’il est possible de créer autre chose que de la souffrance à perpétuité.
- Allez, dit Webby, ça reste une probabilité, qu’on souhaiterait voir se réaliser c’est certain, mais…

Nettie et Webby quittèrent l’Archivorama sans attentes par rapport à cette probabilité, mais quand même avec une lueur d’espoir au fond du cœur.

Mestengo © 2003

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