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22 décembre 2013

À redécouvrir – 2

Plusieurs dimensions où voyager tandis que le corps sommeille
(Photographe non identifié)

Une nouvelle dimension en psychologie

On apprend beaucoup de choses en essayant de résoudre des énigmes. La solution de bien problèmes amusants repose sur un principe important de la logique ou de la pensée. Il se peut donc qu’en nous trouvant devant la plus importante des énigmes – l’énigme de l’identité de l’homme, de son origine, de sa fin dernière – nous puissions lui appliquer la science acquise par un simple truc : on donne à une personne six allumettes et on lui demande de former quatre triangles équilatéraux. Elle commence en toute confiance ses dispositions triangulaires… pour s’arrêter bientôt. Le problème ne peut être résolu que si la personne en question a l’idée de manipuler ses allumettes sur trois dimensions au lieu de deux, et de dresser une pyramide plutôt que de s’épuiser vainement à combiner des triangles plats.
       En un certain sens, l’énigme de l’homme est comparable à ce jeu. Ce n’est qu’en ajoutant une dimension – ici, le temps – que l’homme paraît pouvoir arriver à se comprendre lui-même.
       La naissance et la mort du corps sont communément regardées comme la fin et le commencement de l’homme. Mais s’il était possible de démontrer scientifiquement qu’il n’est pas seulement un corps, mais aussi une âme habitant un corps; et, en outre, que cette âme existait avant la naissance et continuera d’exister après la mort, une telle découverte transformerait la science de la psychologie. Ce serait comme si une tige de sonde avait été envoyée de la surface du sol jusqu’aux couches profondes de la terre; la psychologie moderne «des profondeurs» paraîtrait alors aussi superficielle qu’un trou de 5 centimètres creusé pour y planter un oignon comparé à un tuyau de sondage de 3,200 mètres pour l’extraction du pétrole.
       …Les psychologues font des études statistiques et cliniques serrées des qualités qui constituent la personnalité. Ces études sont de véritables monuments d’ingéniosité (…) et, pourtant, elles n’éclairent  de l’homme que ce qui semble être le devant de la scène.
       Si l’on adopte le principe de la réincarnation, c’est un îlot de lumière qui inonde tout le fond, passé inaperçu, de cette scène. Le décor est illuminé exercice par lui-même une splendide et étrange fascination; mais son importance essentielle vient de ce qu’on y distingue les voies tortueuses et lentes par lesquelles les traits de caractère, les attitudes, les qualités actuelles de la personne se sont formés. Ou bien, pour changer de comparaison, on dirait que la réincarnation révèle les huit-neuvièmes immergés d’un iceberg dont les psychologues n’auraient péniblement scruté que le neuvième visible. Les dossiers Cayce fournissent de nombreux exemples de cette dimension «temps» ajoutée et de la manière dont elle explique la personnalité actuelle.
(…)
       Les psychiatres s’accordent pour penser que les attitudes principales de la vie psychique viennent de l’inconscient. Le principe de réincarnation ne fait qu’étendre le domaine de l’inconscient pour y inclure les charges énergétiques de l’expériences des vies passées. Comme dans le cas des maladies physiques, on ajoute une plus grande portée de temps pour y trouver l’origine du mal.
       Au même titre que les attitudes, les inclinations, les antipathies et les intérêts des gens entrent pour beaucoup dans la composition de la personnalité. Les instincts fondamentaux de conservation, de reproduction et de domination sont intimement mêlés à tous les intérêts plus superficiels de notre vie. Toutefois, au-dessus et au-delà des besoins essentiels communs à toute l’humanité, il existe une large diversité dans la manière dont ces poussées primordiales s’expriment sous forme d’intérêts et d’enthousiasmes chez différentes personnes. .
       Dans une famille de cinq enfants, par exemple, l’un d’eux peut s’intéresser ardemment aux papillons, au autre à la musique, un troisième à la mécanique, le quatrième à la peinture et le cinquième à faire des sottises. L’explication courante en psychologie pour cette variété de talents et de manières de voir est que le caractère de chaque individu est déterminé en premier lieu par son hérédité manifestée dans ses gènes, et, en second lieu, par des facteurs psychanalytiques dépendant de la place qu’il occupe dans la constellation familiale et des expériences qu’il y vit.
       Cette explication paraît naturelle en tous points; mais, pour celui qui inclut la réincarnation dans sa quête, ne fût-ce que par hypothèse, elle est inadéquate. Les «lectures» de Cayce attribuent résolument les talents et les intérêts à l’hérédité de l’âme elle-même, plutôt qu’à celle des grands-parents. Dans notre famille de cinq, telle que nous l’avons supposée, il faut, selon les vues de Cayce, que des vies antérieures, des circonstances aient existé qui sont à la base des inclinations actuelles.
       …Toux ceux qui sont familiers avec la psychologie des variations intra- et inter- individuelles et les problèmes qu’elle traite ne pourront manquer de reconnaître qu’un tel matériel, s’il est authentique, apporte à la psychologie différentielle une nouvelle profondeur et une nouvelle étendue.
       Le point crucial est le suivant : la psychologie moderne considère que les variations entre les êtres humains sont déterminées d’abord par les gènes des parents, ensuite par l’influence du milieu. Du point de vue réincarnationniste, cependant, l’hérédité et l’influence du milieu sont elles-mêmes les résultats des déterminants karmiques dus aux vies antérieures, et toute qualité de l’âme est conquise individuellement plutôt que transmise par les parents.
       La théorie de l’hérédité contient quelque chose de fallacieux qu’on ne voit pas généralement. Du point de vue héréditaire, il est présumé que des phénomènes d’ordre mental peuvent être engendrés par des phénomènes d’ordre biologique. Nous souvenant de la hardiesse ingénue et encourageante d’Einstein («Comment avez-vous découvert la relativité?» – «En mettant en question un axiome!»), peut-être cela vaut-il la peine de mettre en question la supposition fondamentale sur laquelle se base la théorie de l’hérédité. Il est certain que notre connaissance des relations entre le corps et l’esprit est encore au berceau; il semble, cependant, plus croyable – et psychologiquement solide – de penser que les phénomènes de l’ordre mental sont, en grande partie, causés par des phénomènes antérieurs, eux-mêmes d’ordre mental. «Tout ce que vous faites est le résultat de ce que vous avez pensé», a dit Bouddha. Dans le bouddhisme, d’une psychologie rigoureuse, la réincarnation est, bien entendu, un enseignement fondamental; Bouddha enseignait que les qualités d’un être humain sont le résultat de ses manières de penser et d’agir au cours de ses vies antérieures.
       Ralph Waldo Emerson – qui étudiait ardemment la pensée orientale et lisait la Bhagavad-Gita – comprenait parfaitement cette conception. Cela résulte implicitement de beaucoup de ses écrits, mais devient particulièrement explicite dans son essai sur l’expérience. Cet essai commence ainsi :
«Où nous trouvons-nous? Dans une série dont nous ne connaissons pas les extrêmes, et nous croyons qu’elle n’en n’a pas. Nous nous réveillons et nous nous trouvons sur un escalier; il y a des degrés au-dessous de nous et il nous semble les avoir gravis; il y en a au-dessus de nous, et beaucoup, qui sont ascendants et hors de notre vue. Mais le Génie qui, d’après les anciennes croyances, se tient à la porte par laquelle nous entrons et nous donne à boire l’eau du Léthé pour que nous ne puissions rien raconter, a fait un mélange trop fort et nous sommes hors d’état de secouer notre léthargie alors qu’il est midi.» 
       L’emploi par Emerson du mot «série» est une allusion à la nature évolutive de toute vie; sa métaphore des degrés est une illustration particulièrement pittoresque de ce que les facultés humaines semblent progresser avec le nombre de vies. L’augmentation des traits de personnalité et des talents semble suivre dans les documents de Cayce une sorte de continuité qui est de la nature des marches d’un escalier.
[Ici, un diagramme illustre la progression d’une entité «spécialisée» en musique et qui au bout de sa quarantième incarnation atteint le niveau «génie».] (…) Au moment de sa naissance, Pierre, donc, est un génie. Des diagrammes semblables pourraient être tracés pour n’importe quelle faculté humaine, et ainsi la base d’une science des différences individuelles est trouvée; la raison pour laquelle les dons humains naturels diffèrent apparaît clairement.
       Malheureusement, beaucoup de personnes qui acceptent l’idée de karma ont tendance à n’y penser que sous l’aspect de la punition et de la souffrance. Mais il faut se rappeler qu’en réalité karma signifie littéralement action qui est un mot neutre. Toute chose dans l’univers a sa polarité ou ses aspects positif et négatif; le karma ne fait pas exception à la règle. De toute évidence, une action peut être bonne ou mauvaise, égoïste ou altruiste. Si la conduite est bonne, rien ne l’empêche d’être continuée; cela procède de la croissance naturelle et peut, ainsi qu’il a été suggéré, être appelé le Principe de Continuité du karma. Si toutefois, la conduite est, de façon flagrante, mauvaise ou impure, elle doit être redressée; ceci se fait selon la loi d’action et de réaction. La pénible force équilibrante du karma nous ramène à la voie étroite du perfectionnement de soi.
        Semblable au Nautilus dans sa coquille compartimentée, nous construisons pour nous-mêmes, à mesure des vies qui passent, des demeures plus magnifiques pour notre âme. Et, à la fin, nous sommes libérés.

Gina Cerminara (1914-1984)
De nombreuses demeures… (Adyar, 1984, réédition)
Many Mansions... (William Sloane Associates, 1950)

À suivre...

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