Crédit photo : Fleeted Happenings (transcendance de la mémoire dans le temps et l'espace). Andrew Lyman est un artiste qui vit, travaille et étudie près de Savannah, en Géorgie. Il crée et apprend de ses expériences quotidiennes et de son immense groupe d’amis inspirants. Le travail de Lyman s’inspire de la vie : son interaction avec les gens autour de lui et son environnement.
http://www.andrewlymanart.com/fleeted-happenings
Une magnifique possibilité
Les hommes naissent, souffrent et meurent : c’est en ces quelques mots qu’un sage résumait toute l’histoire de l’humanité, lit-on dans un conte d’Anatole France.
(…)
Il n’est pas donné à chacun de nous, comme au Bouddha, de pouvoir renoncer à l’amour [humain], au pouvoir, à la richesse, au confort et à la chaleur des liens familiaux pour la poursuite de quelque chose d’aussi intangible que la signification du monde. Et pourtant, chacun de nous peut et doit, à un moment donné, se trouver confronté avec un problème identique : pourquoi les êtres humains souffrent-ils? Et que peuvent-ils faire pour se libérer de la douleur?
Les écrivains utopistes nous font voir une époque où deux des afflictions dont Bouddha fut si fortement frappé auront disparu : la maladie et la vieillesse. Mais – quelques brillantes que puissent être les applications de la science moderne – on ne nous fait pas encore entrevoir la possibilité de libérer l’homme de ce qu’il considère comme son pire ennemi : la mort. Entre temps, et tant qu’une organisation plus rationnelle du monde et de ses ressources n’aura pas apporté à tous sécurité, santé, paix, beauté et jeunesse – si tant est que cela se produise jamais – il nous faut affronter les mille insécurités, les mille dangers, les dix mille menaces faites à notre bonheur et à notre paix intérieure. Le feu et l’inondation, les épidémies et les tremblements de terre, la maladie et les catastrophes, la guerre et le danger d’annihilation – voilà quelques-unes des menaces extérieures. Et quant au monde intérieur, au monde psychique des hommes, il est habité par une foule de faiblesses et d’imperfections – l’égoïsme, la sottise, l’envie, la malveillance et la cupidité – sources de douleur pour chacun de nous et pour notre entourage.
Dans nos moments d’exaltation, quand la sublimité de la musique ou de l’aurore nous transportent, nous sentons bien qu’au cœur de l’univers la joie doit exister, et une intention profonde. Cependant, revenant aux dures réalités de la vie, avec ses cruautés et ses frustrations accablantes, nous ne pouvons nous empêcher de poser les ultimes questions, pour peu que nous ayons quelque intelligence des choses, quelque comparaison, quelque étonnement philosophique : au nom de la raison, quel est le sens, quel est le but de la vie, au-delà et au-dessus du but évident et purement matériel de survivre? (…) Pourquoi dois-je souffrir? Quels sont les rapports entre moi et les autres humains et le vaste entrecroisement de forces, et peut-être entre nous et une force suprême qui nous dépasse et nous entoure?
Ces questions fondamentales, l’humanité les a posées de tous temps. Si elles demeurent sans réponse, tous les expédients temporaires pour soulager la douleur – qu’ils soient de nature physique ou psychique – n’ont en définitive, aucun sens. Tien n’a été expliqué, tant que n’a pas été expliquée la possibilité même de la douleur. S’il n’y a pas d’explication à la souffrance (…) rien n’est résolu, et notre prise philosophique sur la vie reste incomplète.
(…) C’est par milliers que des croyances et des explications ont vu le jour, les unes rudimentaires, les autres plus subtiles; d’autres raisonnables. (…)
Certains basent leur croyance sur Mahomet, les autres sur Bouddha, Moïse, ou Jésus ou Krishna. Et il y a des gens par milliers qui croient que la seule explication est de survivre. D’autres ont renoncé à toute curiosité et jouissent du plaisir de l’instant.
(…) L’univers est un grand mécanisme. L’homme, un petit mécanisme qu’ont rendu possible une disposition fortuite d’atomes et un processus d’évolution naturelle.
Dans sa lutte pour la vie, l’homme ne peut échapper à la souffrance. À cette souffrance, il ne faut pas chercher d’autre signification que celle-là; elle n’a pas de but. La mort, c’est la dissolution d’éléments chimiques, en dehors desquels il ne reste rien.
Ainsi, à L’autorité du Grand Homme, du Grand Livre, ou du Grand Maître, on a substitué l’autorité de nos cinq sens. Bien sûr, avec ses microscopes, ses télescopes, ses rayons X et ses radars, la science a augmenté la portée de nos sens, de même qu’elle a organisé systématiquement les observations sensorielles su moyen du raisonnement, des mathématiques et de la technique expérimentale.
Mais ce qui forme la base de l’affirmation scientifique et du raisonnement, c’est le témoignage de nos cinq sens. Les fondations de l’édifice scientifique sont l’œil, l’oreille, le nez, la langue et le toucher humains.
Cependant, au cours des dernières décades, nous sommes devenus encore plus compliqués et encore plus sceptiques au sujet de ce que nous savons ou croyons savoir. Les instruments que nous avons créés grâce à ces excellents, ces admirables sens, nous ont montré par une sorte d’ironie à quel point notre équipement sensoriel lui-même est imparfait et incapable de nous faire connaître l’univers dans sa réalité.
Les ondes hertziennes, la radioactivité, l’énergie atomique, pour ne citer que quelques-uns des phénomènes de notre temps, démontrent sans l’ombre d’un doute que nous sommes entourés d’ondes invisibles et de pulsations énergétiques, et que les plus infimes particules de matière sont le siège de forces dont notre imagination ne peut saisir la grandeur.
Revenus à plus d’humilité, nous savons à présent que nos yeux et nos oreilles, au moyen desquels nous sommes en contact avec le monde, sont comme des ouvertures minuscules pratiquées dans l’étroite cellule qu’est notre corps. Notre sensibilité vibratoire à la lumière nous rend capables de recevoir seulement une faible fraction des vibrations lumineuses existantes. Notre sensibilité vibratoire au son ne nous rapporte qu’une brève octave, pour ainsi dire, du vaste clavier de sens de l’univers. Un sifflet, acheté pour quelques francs au bazar, rappellera notre chien, mais nous ne l’entendrons pas, parce que sa fréquence vibratoire est au-delà de la limite extrême de notre ouïe. Quantité d’autres animaux, beaucoup d’oiseaux et d’insectes, ont, quant à la portée, des sens de la vue , de l’ouïe, de l’odorat différents des nôtres; en conséquence, leur univers contient beaucoup de choses que nous ne percevons pas et ne pouvons percevoir.
Un être qui réfléchit s’étonne de ce curieux spectacle : l’homme, l’homme si fier, dépassé par les animaux, des oiseaux et des insectes, et par les instruments mêmes que son ingéniosité a su créer, quand il s’agit de la perception de la réalité; et il commence à s’interroger sur la possibilité de voir par lui-même quelque chose de la vaste invisibilité… Supposons par exemple qu’il soit possible de dresser notre équipement sensoriel ou de l’améliorer de telle sorte que notre sensibilité à la lumière ou au son soit, ne fût-ce que légèrement, accrue : n’aurions-nous pas alors conscience de beaucoup d’objets que nous ignorions antérieurement? Ou supposons que quelques personnes autour de nous soient nées avec une portée sensorielle quelque peu plus grande : ne serait-il pas naturel pour ces personnes de voir et d’entendre ce que nous ne voyons et n’entendons pas? Ne leur serait-il pas possible d’entendre à distance comme si elles étaient dotées intérieurement d’un appareil récepteur de radio, ou de voir à distance, comme si elles portaient un écran de télévision?
(…)
Jusqu’à présent, les laboratoires ont seulement démontré que la clairvoyance est un mode de perception possible. On n’a même pas encore effleuré le potentiel d’utilisation pratique, alors qu’il s’agit de quelque chose de considérable. Il est clair que si l’homme possède un moyen d’information qui ne dépend ni de ses yeux ni de ses oreilles; s’il lui est possible, dans certaines conditions, de « voir » ce qui se passe ailleurs dans l’espace sans se servir de ses yeux de chair et comme s’il était muni intérieurement d’un appareil de télévision, il est clair, dis-je, qu’il dispose alors d’un instrument nouveau et important pour acquérir des connaissances sur lui-même et sur son univers.
Au cours des siècles, l’homme a fait de grandes choses. Sa force et son habileté lui ont permis de faire la conquête de l’espace et de soumettre la matière à sa volonté. Mais il demeure fragile et vulnérable en dépit de cette force et de cette ingéniosité; en dépit de ses conquêtes extérieures, il reste toujours impuissant et désorienté; en dépit des succès qu’il a remportés en matière d’art, de culture, de civilisation, il continue à se demander la signification et le but de la souffrance que lui et les siens endurent de la naissance à la mort. Il a pénétré au cœur de l’atome. Peut-être est-il à présent, grâce aux facultés de perception extra-sensorielle, sur le point de pénétrer au plus secret de lui-même. Peut-être lui sera-t-il donné, après tant de siècles de tâtonnements, de trouver des réponses scientifiquement satisfaisantes aux grandes énigmes fondamentales de son existence, les raisons de sa venue au monde et le pourquoi de ses douleurs.
Gina Cerminara (1914-1984)
De nombreuses demeures… (Adyar, 1984, réédition)
Many Mansions... (William Sloane Associates, 1950)
D’autres sélections à venir.
COMMENTAIRE
Gina Cerminara était Docteur en psychologie. Son livre constitue une brillante analyse de la réincarnation et du karma (basée sur les diagnostics d’Edgar Cayce obtenus par clairvoyance). Pas du tout nouvel-âge-gobe-tout; on a droit à de l’objectivité et à du questionnement de sa part.
On a quand même progressé depuis cette période, mais peut-être pas dans la bonne direction.
La clairvoyance (ou perception extrasensorielle) ça ne vous fait pas penser aux lunettes Google? Comme nous refusons de développer/redémarrer notre propre système de clairvoyance, qui en passant est gratuit, Google nous en vendra un… Hé, pas fou!
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