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30 mars 2014

…et le paradis à la fin de vos vies!


Marc Chagall : Le Paradis perdu

Les lobbyistes religieux (créationnistes ou autres) : que de violence, de discussions et de conflits inutiles! Choquant. Pourrions-nous avoir la paix avec les fichus dogmes et pouvoirs religieux, une fois pour toutes?! Solution pratique : le laïcisme universel. On devrait se concentrer sur des problèmes prioritaires, telle que la survie de l’humanité, par exemple. Bien que la terre se porterait sûrement mieux sans les parasites destructeurs que nous sommes.

Passons. 

L’autre jour j’ai acheté dans une bouquinerie de livres usagés l’ouvrage de Geddes MacGregor «Enquête sur l’existence de la réincarnation» (Images of Afterlife: Beliefs from Antiquity to Modern Times; 1992). Extrait du résumé de 4:
Depuis toujours, l’homme n’a cessé de s’interroger sur son éventuel devenir après la mort physique. Sombrons-nous purement et simplement dans le néant, ou bien entrons-nous dans une autre dimension, un nouvel univers? Notre âme transmigre-t-elle, à savoir passe-t-elle d’un corps à un autre, ou bien erre-t-elle – ad vitam aeternam – dans l’inextricable dédale de l’espace et du temps? Geddes MacGregor nous propose une étude sérieuse et minutieuse sur ce sujet, et recense, analyse avec une totale intégrité intellectuelle, toutes les attitudes adoptées en la matière, à travers les grandes religions de l’humanité. Qu’il s’agisse du paradis, de l’enfer ou du purgatoire judéo-chrétien, des cinq piliers de l’islam, du nirvana et de la béatitude propres aux «sagesses» asiatiques (bouddhisme, hindouisme, taoïsme, confucianisme entre autres), métempsychose et réincarnation ne sont jamais absentes. Que l’on remonte dans la haute Antiquité égyptienne, que l’on inspire des philosophies grecques ou romaines, que l’on se penche sur des sectes plus confidentielles, jaïnisme, cathares, manichéisme, zoroastrisme, ces deux dernières teintées d’orientalisme, on s’aperçoit que la mort est jugée comme un changement d’état et non comme une fin en soi. (…) Ce livre répond à un double objectif : invités à réfléchir à notre existence dans l’au-delà, nous sommes tout naturellement amenés à nous pencher sur notre vie actuelle.

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Chapitre «Hadès ou schéol? Deux visions des enfers»
[Le sexe dans l’au-delà, désincarné, virtuel : est-ce possible? La vie onirique (durant le sommeil ou la rêverie éveillée) de la plupart des gens en est remplie… en particulier au printemps… période de rut universel J]

       Le sexe au paradis? 
       Parallèlement à l’Hadès ou à son équivalent, on imagine aussi l’au-delà comme la terre d’élection des plaisirs de la chair, où l’on connaît «luxe et volupté»… Platon se gausse de cette idée dans La République. Serait-ce vraiment le bonheur de passer son éternité à boire et à festoyer? Ne peut-on imaginer une autre récompense pour les êtres méritants? On ne sait toujours pas d’où vient exactement cette étrange conception. Il est probable cependant qu’elle dérive des Veda, les premiers textes sacrés de l’Inde, dans lesquels on fait allusion au bonheur éternel, d’essence érotique (assimilé à une perpétuelle extase sexuelle), goûté dans l’autre monde, à grand renfort de soma, ce breuvage psychédélique consommé dans les temples pour atteindre à l’immortalité voluptueuse…
       La civilisation indienne est pleine de paradoxes. L’ascétisme le plus rigoureux, fondé sur le jeûne et les mortifications, va ainsi de pair avec l’exaltation des plaisirs de la chair. Les statues très suggestives du temple de Khajuraho ne laissent planer, à cet égard, aucun doute. Même s’il date du XIe siècle de notre ère, ce monument reflète des croyances fort anciennes. Les Chandela, qui régnaient à l’époque sur la région, pratiquaient un hindouisme tantrique, où la sexualité était investie d’une dimension proprement divine et jouait à cet égard un rôle majeur. Les sculptures de ce genre, et les rituels afférents, sont monnaie courante dans les temples hindous. N’oublions pas que le coït rituel (ou maithuna) fait partie intégrante de l’enseignement védique.
       On retrouve aussi, tout autour de la Méditerranée, des attitudes analogues pendant l’Antiquité, qu’elles soient ou non inspirées de l’Inde. Danses érotiques, prostitution sacrée sont des pratiques courantes en bien des endroits, et elles préfigurent, au sein du peuple, les délices offertes dans «l’autre monde». Nul besoin d’insister sur l’aspect illusoire de telles croyances. Aux yeux de la masse, le bonheur se résume au plaisir sexuel, ce qui explique que l’on représente, par exemple, des soldats, loin de leurs femmes, s’accouplant, par défaut, à des animaux. De même, les déesses de l’amour, Astarté, Aphrodite (ou Vénus), nourrissent les rêves de ces hommes insatisfaits et leur apportent un tant soit peu de réconfort.

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Note personnelle 
- Chez les taoïstes, le sexe est considéré comme une voie vers l’illumination. 
- Par ailleurs on notera que dans la religion islamique, il y a également une croyance à propos de ‘la récompense des martyrs’ qui peut avoir une connotation au «sex in paradise» : Les islamistes affirment, en citant le Coran, qu'un musulman ne doit pas avoir peur de mourir en combattant pour sa religion. Un musulman qui meurt en combattant pour l'islam est un martyr, qualité qui sera récompensée au paradis, notamment par l'attribution de 72 vierges aux yeux noirs pour chaque homme mort ainsi. Pour un musulman croyant, il suffit que sa vie sur terre soit misérable et sans espoir pour qu'il souhaite mourir en martyr en combattant les infidèles pour faire triompher l'islam.
- Dans le catholicisme, le sexe est l’instrument de perdition par excellence, une voie directe vers l’enfer.

Que d’extrêmes! À quand une véritable compréhension de la sexualité et un quelconque équilibre?

Par ailleurs, nous pouvons également choisir d’envisager la survivance dans l’au-delà ainsi : «Si quelqu’un croit que la vie continue après la mort du corps physique, et que c’est vrai, tant mieux pour lui… Et s’il n’y a rien, eh bien, ce n’est pas grave, il ne s’en rendra pas compte puisqu’il n’existera plus!» ~ Jacques Languirand

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Revenons à nos moutons…

Du chapitre «Comment vit-on après la mort?» 

       Ni enfer ni paradis : la solution baha’i
       Apparue en Iran en 1844, soit à la même époque que la secte des mormons, la religion baha’i compte aujourd’hui [1992] cinq millions de fidèles, et elle a son siège à Haïfa, en Israël. On trouve un peu partout dans le monde des temples baha’i, et notamment aux États-Unis, où se dresse, à Evanston, dans l’Illinois, un lieu de culte impressionnant. Issue de l’islam, la religion baha’i n’a cependant rien d’une secte musulmane. Sous l’impulsion de son fondateur, Mirza Husayn Ali, alias Baha’u’llah, elle professe au contraire un œcuménisme radical, visant à l’unification de toutes les confessions religieuses, et elle affirme que Dieu envoie de temps à autre des messagers ou prophètes sur terre pour accompagner les hommes dans leur quête mystique.
       Pour les baha’i, l’âme, qui naît dès l’instant de la conception, est vouée à l’immortalité. Nous ne sommes donc sur terre qu’afin de mener à bien une manière d’ascèse, en nous servant de notre corps comme d’un instrument. Sans donner de précision sur ce qui nous attend dans l’autre monde, la religion baha’i part du principe qu’il s’agira, en tout état de cause, de poursuivre la démarche entreprise ici-bas, en faisant appel à la miséricorde divine, à notre recueillement et à celui de nos proches. l’on conservera donc son identité, car celle-ci est de nature spirituelle, et non corporelle. Dans cette optique, point d’enfer ou de paradis, sinon au sens métaphorique, pour désigner ce qui nous éloigne ou ce qui nous rapproche de Dieu.
       Bref, pour un baha’i, qui embrasse une conception dynamique de la vie de l’esprit, on ne parvient jamais au but, mais l’on est entraîné dans un processus infini, sur la voie du salut. En d’autres termes, nous sommes là en présence d’une vision strictement évolutionniste, qui exclut, à l’encontre de ce que prêchent l’islam et le christianisme, toute sentence irrévocable, que l’on se retrouve en enfer ou bien au paradis.

Du chapitre «En guise de bilan»

Il est frappant de constater que partout, depuis que l’homme existe, il croit en l’existence d’une «vie future», sans trop savoir de quoi il s’agit. Dans ce domaine règne la confusion la plus totale. Ce qui signifie que la croyance en l’au-delà est tout aussi répandue et incohérente que la foi en Dieu dont elle procède.
       La situation n’est sans doute pas la même, suivant que l’on a affaire à une religion révélée, qui repose sur un dogme, ou à une croyance instinctive qui, sans relever en totalité de la superstition, n’en reste pas moins très obscure. Pourtant, il y aurait aussi beaucoup à redire dans le cadre du monothéisme en général, et du christianisme en particulier. (…)

       Le rôle crucial de la morale
       Plus la morale prend de l’importance, plus on redoute d’être châtié dans « l’autre monde ». La théorie de la réincarnation ou de la transmigration des âmes, qui a une forte connotation éthique, apporte toutefois une note d’optimisme, en soulignant que cette punition peut, au bout du compte, s’avérer positive et déboucher sur un dénouement heureux.
       L’Orphisme et le pythagorisme professent ainsi que l’âme se purifie à travers le cycle des incarnations, jusqu’à ce qu’elle atteigne la perfection et la félicité qui l’accompagne. Y aurait-il une filiation entre ces deux philosophies grecques et les Upanisad, qui ont tant marqué la culture indienne? Probablement pas. Malgré leurs similitudes, elles sont apparues chacune de leur côté. Il semble que, de part et d’autre, on en soit venu à penser que le monde n’est pas le fruit du hasard, quoi qu’en disent les légendes ou les traditions, mais qu’il obéit à un principe moral. (…)

       Immortalité et Jugement
       L’homme est depuis toujours persuadé qu’il existe quelque chose après la mort, que cela remplisse d’espoir ou d’angoisse. La vie est brève, on a tellement de soucis, tellement de responsabilités… Et s’il y avait quelque chose ensuite? Même si l’on s’en tient à une conception purement pragmatique de l’existence, c’est-à-dire si l’on ne croit pas en Dieu ou à un quelconque principe transcendant, il est impossible, en général, de s’empêcher d’espérer que l’on se perpétuera, d’une façon ou d’une autre, après avoir rendu le dernier souffle. Le tout est de savoir comment, ce qui suppose que l’on ait une vision cohérente de cet « autre monde ».
       Affirmer que l’âme est en soi immortelle, c’est partir du principe que tous les êtres humains ne font, par nature, qu’Un avec Dieu, et qu’ils ne peuvent pas plus s’en détacher que le rayon lumineux n’est séparable de la lumière. Autrement dit, nous sommes intrinsèquement immortels, au même titre que l’univers est intrinsèquement gouverné par la loi de la gravité. Dieu n’a, en l’occurrence, rien à y voir…
       (…) Il va de soi qu’il existe un Jugement dernier, si d’aventure l’univers est régi par un principe moral. La responsabilité individuelle est à ce prix. Ce qui ne signifie pas pour autant que l’on assiste à une sorte de procès où se déciderait le sort de chacun (…). Cela peut n’être qu’une conséquence inéluctable, un simple effet mécanique de notre comportement, comme une pierre touche un arbre parce qu’on l’a lancée contre lui. Bref, le Jugement dernier s’intègre à une conception de l’au-delà qui voit l’univers comme la création d’un Dieu bienveillant, ou bien comme le champ d’action d’un principe cosmique. Sinon, il n’y a aucune raison d’espérer en une quelconque prolongation dans l’au-delà…

       Le karma
       Le karma désigne un principe d’équilibre moral s’exerçant à l’échelon universel, qu’on l’exprime sous la forme de l’impératif catégorique kantien, de la Torah, ou bien de la loi mosaïque. (…) Dissipons tout de suite un malentendu : loin d’être inexorable, et de renvoyer au fatalisme, le karma repose au contraire sur le libre arbitre. Il n’en demeure pas moins qu’au lieu d’être «prisonniers», ou «victimes» de notre karma, nous en sommes l’auteur. Car il est, pour parler comme Sartre, «jeté là, comme ça», il fait partie de ce qui nous est «donné», le «contingent», si tant est que nous sommes tous le fruit des circonstances, qu’il s’agisse de notre hérédité, de la date et de notre lieu de naissance, fixés une fois pour toutes, ou des vicissitudes de l’existence. Il n’en demeure pas moins qu’une fois que l’on a compris ce que signifie le karma, et tout ce qu’il implique, on est en mesure de se forger un «bagage karmique». Tant et si bien que l’on fabrique soi-même sa propre destinée.
       Si rien n’échappe, dans l’univers, au principe du karma, qui a une signification éminemment spirituelle, l’individu est amené à entreprendre, à son niveau, une évolution du même type; à cette réserve près qu’il ne pourra la mener d’un seul trait, mais qu’elle devra se poursuivre au cours d’une multitude de vies successives : c’est à ce prix seulement que l’on se réalise. Telle est précisément la raison de la réincarnation. Il s’agit d’une quête spirituelle extrêmement longue, plus encore que l’évolution biologique qui a donné naissance à l’homme. (…)
       Oui, mais alors, comment concilier son aspect «mécanique» avec la grâce et la liberté divines? La question est mal posée. Tout se passe comme si l’on voulait juger de la qualité d’une école d’après son règlement : considéré sous cet angle, l’établissement paraît bien sinistre. Mais avec le début des classes, les choses se mettent en place, et l’horizon s’éclaircit. (…)
       Pourquoi la vie, en général, nous laisse-t-elle un goût amer, et nous paraît-elle absurde? Tout simplement parce que nous n’envisageons qu’un simple épisode, une phase extrêmement brève et limitée d’un processus infiniment long, et qu’il faudrait appréhender l’ensemble pour juger de ce qu’il en est vraiment, la vie ne s’achevant pas plus à la mort qu’elle ne commence à la naissance. (…)
       Les philosophies et les religions qui, traditionnellement, plaident en faveur de la réincarnation et se réclament du karma, affirment toutes que demeure, par-delà notre apparence physique, une entité transcendante, moi, âme, ou esprit, qui n’est ni observable, ni explicable scientifiquement.

       Qui a peur de la réincarnation?
       Pourquoi les religions monothéistes se montrent-elles si méfiantes à l’égard de la réincarnation? Comment expliquer que, la plupart du temps, seuls s’en réclament quelques marginaux ou autres adeptes de l’ésotérisme, qui tentent de l’adapter au message de la Bible, des Évangiles ou du Coran?
       Pourquoi, à l’inverse, des gens aussi brillants que Platon ou Pythagore se sont-ils faits les avocats de la transmigration des âmes, en affirmant que perdure quelque chose comme «l’âme», ou le «moi»? Pourquoi la réincarnation est-elle aussi un thème de prédilection chez les humanistes de la Renaissance? La permanence du moi individuel est en effet, à l’époque, le trait dominant de toute conception de l’au-delà.
       Nul besoin d’être grand clerc pour trouver la réponse : l’Église est, qu’on le veuille ou non, un «appareil», qui redoute tout ce qui peut menacer son pouvoir et ses prérogatives. C’est le cas d’un moi individuel qui se perpétue au fil des siècles : il est par définition incontrôlable, et donc éminemment suspect. (…) Mais si les gens croient à la réincarnation, ils risquent toujours de rechercher eux-mêmes leur salut, en dehors de tout cadre institutionnel, et sans se réclamer d’aucune confession religieuse. D’où la suspicion que les autorités religieuses nourrissent à l’encontre des individus qui croient en la métempsychose…
       Il ne faut donc pas s’étonner que les Églises préfèrent envisager une solution collective à un examen personnalisé, cas par cas : nous voilà ainsi tous réunis, au jour du Jugement dernier, et départagés selon nos mérites, les bons d’un côté, les méchants de l’autre, et la question est réglée… À ce compte, si chacun est en droit d’espérer atteindre l’immortalité, c’est uniquement parce qu’il appartient à un groupe, et non en tant qu’individu, lequel n’est qu’une goutte dans l’océan, et ne se définit que par rapport à la communauté des fidèles qu’il a rejointe.

17 mars 2014

Au loin, au plus profond



Mer intérieure (Mar Adentro)
Ramon Sampedro

Au loin, au plus profond
et dans l'apesanteur du fond
où se réalisent les rêves,
s'unissent deux volontés
pour accomplir un désir.

Un baiser embrase la vie,
en un éclair, un coup de tonnerre,
et par une métamorphose,
mon corps n'est déjà plus mon corps ;
c'est comme pénétrer au centre de l'univers.

L'étreinte la plus puérile,
et le plus pur des baisers,
jusqu'à nous voir réduits
en un unique désir.

Ton regard et mon regard
comme un écho qui se répète, sans aucune parole :
encore plus loin, au plus profond
jusqu'à l'au-delà absolu
par le sang et par les os.

Mais toujours je me réveille
et toujours, je veux être mort
pour continuer avec ma bouche
emmêlée dans tes cheveux.

Le film biographique de Ramon Sampedro, Mer intérieure, n’était pas un plaidoyer en faveur de l’euthanasie, mais un plaidoyer en faveur du libre arbitre face au droit de mourir quand on ne peut ou ne veut plus vivre, quelle que soit la (ou les) raison(s).

Dans le même ordre d’idée :
http://airkarma-mestengo.blogspot.ca/2010/11/chapitre-14-karmaction.html

Le plan terrestre est «dense». La densité de la matière crée un voile d’opacité et d'ignorance, et une fois incarnés, la plupart des gens, même les plus évolués, oublient leur origine. De sorte que nous fonctionnons «à l'aveugle», avec peu ou pas  de souvenirs de nos buts d'incarnation. Voilà pourquoi vivre dans cette dimension comporte de réels défis - et autant de possibilités d’évoluer. Parfois nous avons des aperçus de la vie en d’autres dimensions, de nos vies antérieures (même futures), et tout comme Jane Roberts, des intuitions relatives à la nature de la réalité, du temps et de l'espace.

Nous sommes plusieurs à souhaiter que notre vie actuelle soit la dernière de toutes sur terre, et nous pouvons même en faire un but spirituel ultime. Néanmoins, nous atteignons toujours des niveaux supérieurs de maîtrise à chaque vie qui s’additionne. Mais, le plus important est que nous pouvons choisir de revenir ou non après la mort.
       Et puis, alors que certaines âmes pourraient rester en d'autres dimensions, plusieurs choisissent de revenir par amour pour l'humanité et la terre. Nous ne sommes pas ici parce que nous sommes prétendument indignes de vivre dans des dimensions de conscience supérieures. C’est simplement un choix. Je pense quand même que certains deviennent un peu comme des toxicomanes. Et, s’extirper, après leur mort, de l'attraction magnétique de la planète peut être difficile dans ces conditions-là. Plusieurs se réincarnent donc tout à fait inconsciemment… l’amnésie et la culpabilité aidant.

Certains êtres plus évolués vivent dans le monde parallèle des âmes, car il n'y a rien dans le monde physique qui les intéresse. Cependant, plusieurs acceptent d’aider l'humanité dans son évolution (à distance). Ils ne cherchent pas la dévotion, ils ne souhaitent qu’aider, aimer et servir l'humanité. Ils n’interfèrent jamais avec le libre arbitre et la vie des gens, ni ne demandent l’obéissance. Ils guident et suggèrent et sont toujours prêts à offrir de l'amour à qui en veut.

Il y a beaucoup de systèmes et de croyances pour déterminer notre valeur, notamment : posséder beaucoup d'argent et de biens matériels, être populaire et célèbre, être spirituel, religieux ou pieux, etc. Ces choses peuvent être excellentes si elles correspondent aux désirs de l'âme. Ce sont des carcans si elles servent uniquement à créer une image satisfaisante pour l'ego ou la personnalité. Il faut alors se demander : si la société ne proposait pas de modèles d’identification, que serait ma vie? On a mis l'accent sur l’extérieur et oublié la paix intérieure, la joie, l'amour et la compassion.

Nous pouvons imaginer notre vie à travers la perspective de l’âme. Même si nous avons l’impression de fabuler, cela peut changer notre façon de voir nos problèmes. Nos priorités peuvent changer; ce qui semblait important pour la personnalité peut devenir insignifiant à la lumière de l’âme. La porte s’ouvre sur de nouvelles idées, de nouveaux concepts et des manières plus créatives de régler les problèmes.

05 mars 2014

Le cas de Sherry


[Les extraits suivants (traduction/adaptation maison) proviennent du site de Carol Bowan : http://www.childpastlives.org/ ]

Ce récit est tiré du livre du Dr Roger Woolger «Other lives» (p. 303, de la version originale). Au départ, il devait paraître au chapitre 4 «The Moment of Death», qui résume ce que les thérapeutes ont découvert au sujet des guérisons psychologiques et physiques complexes consécutives à la thérapie de régression.

Ce cas dépasse la guérison psychologique : il nous donne une magnifique leçon spirituelle. C’est un exemple des infinies manières dont l’âme apprend à se connaître. Car chacune des innombrables morts que les êtres humains expérimentent peut être une occasion de s’ouvrir à la grâce et à l’illumination.

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Sherry était une belle jeune femme qui souffrait de dépression et d’une pauvre estime de soi. «Je ne veux pas être ici, c’est sans espoir», disait-elle. Ses relations tournaient toujours mal. Elle avait l’impression d’être damnée et se sentait seule. Par ailleurs, elle attendait une sorte d'expérience religieuse qu’elle n’avait jamais eue.

La plupart des vies qu’elle a retrouvées avaient le même thème : victimisation, abandon et solitude. Mais parmi celles-ci, une vie de moine et une vie de religieuse qui reflétaient sa quête religieuse. C’est dans ce contexte qu’a émergé cet éveil religieux pendant une session. Sherry était soldat à Rome au temps où les premiers chrétiens étaient persécutés et tués par décret de l’empereur Dèce.

Récit :
«C’est l’armée. Vous obéissez aux ordres. Sinon, vous vous faites tuer. Je m’occupe d’une section des galeries souterraines du Colisée. Ceux qui ne vénèrent pas César sont amenés ici pour être tués par les fauves ou les gladiateurs. Des bains de sang. Ils sont tous tués : femmes, enfants, tous y passent. Mais ce sont des gens étonnants. Je ne peux m’empêcher d’être renversé par leur courage et leur patience… Je marche dans un corridor de la prison. Il y a une femme qui chante. J’entends un lion rugir en arrière-plan. Cette femme a été isolée pour une raison quelconque. Elle est très belle. Je lui demande si elle veut changer d’idée. Elle me regarde intensément, droit dans les yeux en disant : «Toi, veux-tu changer d’idée?» J’ignore la question et je lui dis que je peux l’aider à sortir d’ici si elle le veut.

Durant les jours suivants, je continue d’aller la voir. Sa beauté, sa maîtrise, sa lumière et son calme m’affectent plus que je ne le réalise. Suis-je en train d’en tomber amoureux? Je veux la sauver, mais il est trop tard. Devant sa foi tranquille, je me sens indigne, tout prêt de la damnation à vrai dire. Après tout ce que j’avais fait, je ne pouvais pas être chrétien. 

Je songe à l’amener dans la pièce où les soldats ont des rapports sexuels avec les prisonnières; mais cela ne ferait que prolonger son agonie. Elle me dit que je ne comprends rien du tout, que je veux la sauver uniquement pour avoir l’esprit en paix. Un jour, tandis que je l’observe, une sorte de lumière dorée semble l’entourer; celle-ci prend de l’expansion au point de m’envelopper. Je sors soudain de mon corps. Je flotte au-dessus du Colisée. Durant un bref moment, j’expérimente l’autre côté de la mort. Je vois comme un dôme formé d’un chœur de martyrs au-dessus de l’arène. Cela cesse abruptement. J’ai l’impression que je dois faire quelque chose pour elle, alors je décide de rester en sa compagnie jusqu’au moment où les soldats viendront la chercher. Durant ses derniers moments, elle parle du Christ et de son amour. Je ne sais pas ce que je vais faire. Je n’ai jamais senti mon cœur aussi ouvert. Elle parle de pardon, de la nécessité de me pardonner à moi-même. Elle me stupéfie. Elle ne craint la mort. Cela fait partie de sa foi en la vie. Je réalise que je prépare la scène de son accomplissement. 

Ils l’emmènent. Je reste dans sa cellule et la lumière est encore là autour de moi, même si elle est partie. D’une certaine façon, je ressens son agonie physique. Je vis une sorte de ravissement, mais il y a aussi un grand trou à l’intérieur de moi. C’est comme si elle était encore en train de m’aider. J’entends sa voix comme un murmure : Sois en paix

Cette expérience fit éclater la vie du soldat. Il s’organisa pour abandonner son poste dans l’armée, se retira dans un petit village et devint fermier. Il se fit secrètement baptiser et participa à des rencontres avec d’autres chrétiens où il chantait, guérissait et priait. Il vécut jusqu’à un âge avancé et mourut une nuit, sur la plage, sous l’immense ciel étoilé.

Réflexion au moment de la mort :
«Je suis très reconnaissant de la tournure de ma vie. Je n’ai plus d’attrait pour le pouvoir, mais je sais que je dois apprendre des choses à propos de l’amour. La vision du Colisée que j’avais eue resurgit, et encore fois je suis au-dessus de l’arène. Je vois tous les martyrs. Ils ne sont pas tous purs, certains sont coincés dans l’amertume. Je me sens enchevêtré à leur vie puisque je suis en partie responsable. Je vois une femme. Elle me dit de m’élever plus haut, vers le royaume du Christ, où tout est plus clair, rempli de l’être. Elle me dit que je ne peux pas aider ceux qui sont en bas. Que je ne peux que les inspirer.»

Conclusion :
«En révisant cette vie-là, je réalise que ma vie présente n’est motivée que par l’intérêt personnel. Je dois laisser les autres avancer à leur manière, non pas à la mienne. Il est temps de laisser tomber mon intérêt personnel. Je ressens encore de la tristesse par rapport à cette femme : c’était comme une âme-sœur. Elle sera toujours avec moi.»

[D’autres récits de Sherry sont rapportés dans le livre du Dr Woolger]

«Explorer les vies antérieures et laisser les scènes et les récits se déployer est essentiellement un processus méditatif. Cela nécessite une immobilité, une certaine confiance au pouvoir créateur de l'imagination profonde, ainsi qu'une volonté de faire face non seulement aux scénarios plaisants mais également à ceux qui sont souvent sombres et troublants. Très fréquemment, la traversée du portail vers une mémoire de vie antérieure est une expérience pénible dans notre vie personnelle car elle réveille ou déclenche de vieux souvenirs profondément enfouis.  
       Il y a souvent un niveau plus profond à nos complexes, une strate qui fut enterrée au cœur d’une vie antérieure. Vous pourriez douter de vos souvenirs de vies antérieures, c’est normal, puisque l'esprit rationnel s’objecte, et à juste titre, aux idées qui ne sont généralement pas acceptées, inadaptées à notre vision du monde. (…)
       Néanmoins, nous voyageons continuellement dans le temps et l’espace en pensée… En une fraction de seconde, nous sommes ailleurs. Nous pouvons avoir accès à la vaste mémoire universelle qui inclut notre propre mémoire et celle de l’humanité. Nous pouvons voyager à travers l’histoire instantanément. Ce n’est pas plus difficile que se rappeler des événements de la vie actuelle.»

~ Roger Woolger

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«Le monde supérieur est un miroir spirituel du monde inférieur, de sorte que lorsque nous voyageons dans le monde de l’imaginaire visionnaire, en réalité nous déménageons dans une autre réalité.
       Le monde visible a été créé pour correspondre au monde invisible, et il n'y a rien en ce monde qui ne soit pas un symbole de quelque chose de cet autre monde.»

~ Al-Ghazali

Portrait de W.B. Yeats : June Ponte, Medieval Light Company
(Aussi beau que talentueux!)  
 
«L'homme qui a vieilli n'est qu'une loque,
Un manteau déchiré sur un bâton, à moins
Que l'âme ne batte des mains et ne chante, toujours plus fort,
À chaque accroc nouveau du vêtement mortel.»  

Byzance, l'autre rive, p. 63
(Quarante-cinq poèmes (trad. Yves Bonnefoy), éd. Gallimard; 1993)

“There is for every man or woman some one scene,
some one adventure, some one picture, that is
the image of our secret life, for wisdom first speaks
in images and Ethos one image, if we would brood
over it our whole life long, would lead our souls,
disentangled from unmeaning circumstance and the ebb
and flow of the world, into that far household
where the undying gods await all those whose souls
have become simple as flame, whose bodies
have become quiet as an agate lamp.”

«Marche doucement, car tu marches sur mes rêves.»

~ William Butler Yeats (1865-1939)